REGEMAT 3D, un pionnier espagnol de la bio-impression
REGEMAT 3D est une entreprise basée à Grenade, en Espagne, spécialisée dans la fabrication additive médicale depuis près de 10 ans. C’est sans aucun doute l’une des sociétés pionnières dans le domaine de la bio-impression 3D en Espagne, promouvant la recherche et l’utilisation de ces technologies dans le pays. Une preuve de plus qui confirme que nous nous rapprochons chaque jour de la médecine sur-mesure, non seulement dans le domaine des prothèses, des implants 3D ou des orthèses, mais aussi dans le secteur de la bio-impression qui aura sans doute des répercussions importantes dans l’industrie pharmaceutique et la création d’organes. Nous avons rencontré cette semaine Jose Manuel Baena, le fondateur de Breca Health Care et de Regemat 3D, expert dans le domaine de la bio-impression et de la médecine personnalisée. Il présente ses projets dans ce secteur et nous parle de l’importance de l’utilisation de l’impression 3D dans les hôpitaux.
3DN : Pouvez-vous présenter ainsi que votre lien avec les technologies de fabrication additive ?
Je suis né à Valence en octobre 1983. J’ai étudié l’ingénierie industrielle à Valence, en Espagne puis à Braunschweig en Allemagne et à Oxford, au Royaume-Uni, où j’ai obtenu ma maîtrise en ingénierie. J’ai également étudié l’ingénierie biomédicale à Buenos Aires, en Argentine, et récemment j’ai présenté mon doctorat en biomédecine, à l’Université de Grenade.
Il y a 10 ans, j’ai commencé à travailler sur un projet de fabrication d’implants personnalisés dans un institut de Valence. Puis, j’ai décidé de fonder la première entreprise espagnole dédiée à l’impression 3D de dispositifs médicaux. J’ai donc créé BRECA Health Care en 2010, dédié à la production de dispositifs médicaux personnalisés. Nous imprimons des implants 3D en titane, avec du PEEK et autres matériaux biocompatibles, des prothèses et des guides de coupe pour reconstructions ou biomodèles. Il y a plus de 10 ans, j’ai compris que l’impression 3D était un besoin évident dans le secteur de la santé, car si chaque patient a une anatomie différente, l’utilisation de prothèses génériques n’a aucun sens.
En ce qui concerne les prothèses sur mesure, le premier avantage est la possibilité de reconstruire l’anatomie du patient avec une précision totale. D’un autre côté, il y a le problème esthétique. Puisqu’au moyen d’un scanner, nous obtenons la géométrie du patient, nous pouvons effectuer des opérations “en miroir” : utiliser leur anatomie pour créer un motif totalement personnalisé. De plus, nous fabriquons des guides sur mesure pour effectuer des reconstructions précises à l’aide de tissus de patients et bientôt bio-imprimés.
3DN: Quelles ont été les premières étapes de REGEMAT 3D dans l’industrie de la bio-impression et comment est née l’idée de créer cette société?
De BRECA Health Care et, en collaboration avec le Dr Juan Antonio Marchal, est également né en 2011 le projet REGEMAT 3D, c’est-à-dire le premier développement d’une bio-imprimante 3D commerciale espagnole. Nous avons fondé la société en 2015 et comptons actuellement des utilisateurs dans environ 25 pays.
Nous nous sommes rendus compte que l’impression 3D permettait d’une part de réaliser des cultures tridimensionnelles et de créer des cellules à partir de bio-encres, qui offraient finalement la possibilité d’étudier nos cellules dans un environnement très similaire à un organisme vivant. D’autre part, elle nous a permis de générer des tissus et des organes in vitro pour recréer des lésions et disposer de modèles vivants pour tester les médicaments. Nous avons donc commencé à investir dans le développement de ces technologies selon une approche hautement clinique.
Nous nous sommes positionnés comme la première société mondiale à adapter les systèmes de bio-impression à chaque application de tissu spécifique et à collaborer avec les chercheurs pour obtenir des résultats permettant à la technologie d’être utilisée dans différentes applications cliniques.
En bio-impression, les cellules se comportent comme dans un organisme vivant, mais il est nécessaire de promouvoir correctement la production d’un tissu fonctionnel. C’est pourquoi il faut d’une part travailler la stratégie de bio-fabrication, adapter le système de bio-impression et le bioréacteur qui fait mûrir le tissu pour qu’il soit fonctionnel : c’est ce qui nous différencie des entreprises qui travaillent dans ce domaine.
3DN: Quels sont les projets que REGEMAT 3D développe actuellement ?
Certaines applications actuelles développées par nos utilisateurs concernent la régénération de la cornée, les modèles tissulaires pour développer des médicaments, l’impression de peau, de tissu cardiaque, de cartilage et d’os, la réduction des tests sur animaux. Après, nous avons plusieurs projets de recherche avec des hôpitaux que ce soit pour fabriquer des mailles biodégradables avec des chondrocytes pour la régénération du cartilage, ou bien pour mieux traiter le cancer du côlon en bio-imprimant des modèles de cellules tumorales. Nous testons également certains modèles 3D pour régénérer des lésions cartilagineuses.
3DN: Comment aidez-vous les hôpitaux à se lancer dans la bio-impression 3D ? Quelle rôle ont-ils à jouer dans le développement de la technologie ?
La bio-impression ne concerne actuellement que le domaine de la recherche, mais il sera essentiel de l’appliquer directement à la phase clinique pour apporter des solutions aux patients. Il faut faciliter la régénération des tissus avec les propres cellules du patient, ce qui accélérera la guérison d’une blessure, avec des interventions moins invasives, une économie des ressources tout en permettant au patient de récupérer rapidement.
Nous adaptons la technologie à l’application et toujours d’un point de vue clinique, car nous sommes la seule entreprise de bio-impression à implémenter des dispositifs médicaux et à développer des technologies 3D en gardant à l’esprit la traduction clinique.
A travers Regemat 3D, nous aidons les hôpitaux et les centres de recherche à prendre en main la technologie, en fonction de chaque application spécifique. De plus, nous facilitons l’accès à la communauté des utilisateurs actuels pour favoriser le contact avec des chercheurs et partager leurs expériences.
3DN: Où voyez-vous Regemat 3D dans les années à venir?
Nous voyons REGEMAT 3D développer des géométries complexes aussi complexes que notre anatomie, avec la possibilité d’imprimer des maillages pour générer l’intégration du tissu périphérique dans les dispositifs médicaux. Ces technologies sont très bien acceptées dans le domaine de la recherche et, dans les années à venir, nous obtiendrons de nouveaux traitements pour régénérer les blessures et, dans un avenir lointain, des organes complexes destinés à réduire les listes d’attente des patients nécessitant une greffe. Certaines agences indépendantes prévoient une croissance de plus de 4 000 millions d’euros du secteur de la bio-impression en 2025.
3DN : Un dernier mot pour nos lecteurs ?
Les nouvelles technologies font leur apparition dans les hôpitaux de référence espagnols. L’impression 3D et la bio-impression 3D de tissus feront partie de la vie quotidienne des hôpitaux d’ici quelques années. Des traitements plus personnalisés, plus spécifiques et avec de meilleurs résultats contribueront à améliorer la qualité de vie des patients et à réduire les délais et les coûts pour le système de santé espagnol.
Il faut toujours préciser qu’actuellement, même si un tissu fonctionnel peut être créé en laboratoire, l’intégration avec les tissus environnants ne se produira pas instantanément : il faut créer un dispositif médical synthétique personnaliser pour maintenir la structure et promouvoir l’intégration du tissu vivant bio-imprimé. Retrouvez plus d’informations sur notre site officiel ICI et dans notre vidéo ci-dessous :
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