Conseils d’experts : comment bien choisir son scanner 3D portable ?
Bien choisir un équipement est toujours une tâche complexe : il est nécessaire de définir ses besoins avant d’effectuer un benchmark complet des solutions existantes. Aujourd’hui, nous nous penchons sur les éléments à prendre en compte lorsque l’on souhaite acquérir un scanner 3D portable. La spécificité d’un scanner 3D portable réside dans sa capacité à numériser un objet en temps réel sans réelle limite de taille et avec une grande liberté de mouvement : l’appareil capture à la volée de nombreuses images pour créer un nuage de points. À noter que l’on peut distinguer trois familles de scanners 3D portables : ceux destinés aux makers qui coûtent une centaine d’euros, ceux dédiés aux professionnels, vendus entre quelques milliers et jusqu’à 10 000 à 20 000 euros, et enfin les scanners à usage industriel, dont le prix s’élève d’environ 15 000 euros à 100 000 euros ou plus. L’autre différence notable viendra du procédé de numérisation : certains équipements projettent une lumière structurée tandis que d’autres reposent sur un faisceau laser. Enfin, un scanner 3D portable peut être filaire ou sans-fil, auquel cas il pourra être déplacé plus facilement mais disposera d’une autonomie plus limitée.
Afin de nous conseiller sur la marche à suivre pour sélectionner un scanner 3D portable, nous avons demandé leurs avis à Benoit Michaut, PDG et fondateur d’Atome3D, société fondée en 2016 et spécialisée dans la distribution et l’intégration d’imprimantes 3D et de scanners 3D de bureau. Nous avons également échangé avec Gauthier Laviron, fondateur de la société Gryp3D, spécialisée dans la refabrication de pièces détachées automobiles, ainsi qu’avec Pascal Peiffer, maker spécialisé dans la création de figurines.
Pourquoi acquérir un scanner 3D portable ?
Avant de nous pencher sur le choix d’un scanner 3D portable, faisons déjà le point sur les raisons qui incitent à acquérir un scanner 3D. Contrairement à une idée reçue, la numérisation d’objets n’est pas toujours réalisée dans une optique de reproduction directe de l’objet en question, en l’imprimant en 3D immédiatement après le scan. “L’objectif peut être de concevoir quelque chose autour de la pièce scannée, auquel cas celle-ci constituera un environnement de travail”, précise Benoit Michaut.
Parfois, cependant, l’objectif est bel et bien de re-fabriquer la pièce, comme dans le cas de Gryp3D, qui utilise un scanner 3D portable pour numériser différentes parties des voitures : carrosseries, rétroviseurs, intérieurs complets, optiques… Néanmoins, il est très rare que la numérisation mène à une impression immédiate : “Un scanner 3D n’est pas une photocopieuse, il ne faut pas croire que lorsqu’on scanne une pièce, on va pouvoir l’exploiter brute à l’issue du scan. Elle nécessite toujours plusieurs heures de travail pour obtenir un fichier exploitable pour de la fabrication”, révèle Gauthier Laviron.
La plupart du temps, le fichier issu du scan sert donc de base pour concevoir un objet aux propriétés optimisées. La conception doit être adaptée au procédé de fabrication additive choisi : “Nous ne reproduisons que très rarement à l’identique les géométries. En effet, bien que la pièce doive être visuellement identique à l’original pour ne pas dénaturer la voiture, l’idée est d’adapter systématiquement la conception à la fabrication et donc au procédé. Nous définissons le procédé avant de dessiner et il est donc important de comprendre que si nous scannions simplement les pièces pour les reproduire, nous ne pourrions pas améliorer les zones fonctionnelles non visibles pour garantir une bonne tenue mécanique”, détaille le PDG de Gryp3D.
Ainsi, pour Gauthier Laviron, la numérisation de pièces permet de gagner du temps lors du processus de conception : “Le scan nous sert donc essentiellement à récupérer des courbes primitives, des surfaces complexes afin de les projeter à l’écran et de redessiner les pièces ensuite par dessus. Nous économisons ainsi de nombreuses itérations qui immobiliseraient les machines et généreraient des va-et-vient en CAO”, précise-t-il.
Pour Pascal Peiffer, l’objectif, en utilisant un scanner 3D, est d’apporter davantage de précision à son travail de sculpture digitale de figurines réalisées via le logiciel de modélisation Zbrush. En effet, lorsque l’on sculpte uniquement de manière digitale, certaines courbes et autres subtilités sont moins bien rendues qu’en partant de la numérisation d’un objet réel en trois dimensions.
Et pourquoi un scanner 3D portable alors ? Nos trois experts s’accordent sur le sujet : les scanners 3D portables sont utiles pour scanner des objets de toute taille. “Quand nous avons à scanner des pièces détachées, le scanner filaire suffit largement mais lorsque nous devons scanner une voiture complète ou l’intérieur de celle-ci, il est beaucoup plus agréable de travailler « sans fil »”, explique Gauthier Laviron. “Il existe des scanners 3D portables adaptés à tous les publics, besoins et cas de figure. La plupart des fabricants en proposent. Toutefois, ils ne sont pas adaptés au scan des petites pièces très détaillées : pour que le résultat soit de bonne qualité, l’objet doit mesurer au minimum 15 cm”, indique Benoit Michaut. “J’étais satisfait du premier scanner que j’ai acheté, le EinScan SE de Shining3D, la seule limite était le volume scanné : c’est pour cela que j’ai acquis le scanner 3D portable Einstar du même fabricant, explique quant à lui Pascal Peiffer. Outre la question d’échelle, un scanner 3D portable permet également de scanner des pièces plus complexes, et de scanner des éléments en extérieur”.
Le choix d’un scanner 3D portable
Les scanners 3D portables étant légion, comment, alors, se repérer et acquérir celui qui convient ? “Il est important de bien définir son besoin, déclare Benoit Michaut. Pour ce faire, il est nécessaire de se poser plusieurs questions, à commencer par la taille et le volume des pièces à scanner”. Le niveau de résolution souhaité lors du rendu constitue également un critère essentiel. Celui-ci dépendra du contexte d’utilisation : professionnel, loisirs… mais aussi de l’usage qui sera fait du fichier. En effet, comme dit plus haut, si l’objectif du scan est de reproduire celui-ci via une impression 3D, la numérisation nécessitera un niveau de précision accru. Un scanner 3D laser permettra alors d’obtenir cette précision. Toutefois, la nécessité d’obtenir de la couleur ou non jouera elle aussi un rôle dans la sélection de l’appareil. En effet, les machines reposant sur un procédé de lumière structurée captent la couleur et les textures, ce qui n’est pas le cas des scanners 3D laser. Évidemment, le budget est aussi à prendre en compte, quitte à revoir son besoin à la baisse le cas échéant.
“Pour choisir un scanner 3D portable, je tiens également compte de la technologie. Je préfère notamment éviter d’avoir à coller des pastilles sur les éléments à scanner”, confie Gauthier Laviron. Pour le fondateur de Gryp3D, se renseigner sur le logiciel de traitement compatible avec le scanner choisi est également important. “Celui-ci devait être à mes yeux le plus complet possible pour extraire les données nécessaires au dessin 3D et le plus simple possible d’utilisation pour être en mesure de donner la main à n’importe qui dans mon équipe”, précise-t-il.
Pour sa part, Pascal Peiffer a choisi le scanner 3D EinScan SE en prenant en compte le rapport précision-prix ainsi que la facilité d’usage. Il a ensuite sélectionné le scanner 3D portable Einstar pour sa capacité à traiter des objets de volume important mais aussi à capturer des textures et couleurs spécifiques tels que les cheveux ou encore les matières foncées.
Avec tous ces critères, comment être certain de ne pas se tromper ? “La bonne démarche consiste à commencer par naviguer sur le site du revendeur afin de prendre connaissance de l’offre et de comparer les modèles. Une fois qu’on a repéré un modèle, avant de passer à l’acte d’achat, je recommande de faire appel à un professionnel pour valider son choix”, explique Benoit Michaut, qui met en avant le rôle d’accompagnement et de conseil d’Atome3D auprès de ses clients.
Les autres conseils de nos experts
Gauthier Laviron recommande : Investir dans un scanner 3D doit faire l’objet de tests ; la polyvalence totale d’un scanner est très rare mais elle existe.
Pascal Peiffer poursuit : Définissez votre budget, le volume et le niveau de précision dont vous avez besoin puis prenez le temps de comparer sur les sites et forums. Vous serez quasiment assuré de trouver ce que vous cherchez.
Benoit Michaut conclut : Pour faciliter la numérisation des pièces, n’hésitez pas à utiliser un spray matifiant, notamment un spray auto-évaporant, comme celui par exemple de chez AESUB. Ces sprays facilitent le scan des objets transparents, réfléchissants ou noirs mais accroissent également la qualité de la numérisation des objets opaques en améliorant leur homogénéité. Avant de vous lancer, pensez également à vous munir d’un ordinateur qui présente une configuration adaptée, c’est à dire une carte graphique et une mémoire RAM suffisantes pour stocker le nuage de points fourni par le scan.
Crédits photo de couverture : Atome3D.