Les projets de fabrication additive d’EOS en France pendant le Covid-19
La crise du Covid-19 aura permis de montrer les capacités de la fabrication additive, soulignant surtout le fait qu’elle peut réparer des chaînes d’approvisionnement cassées et proposer des solutions très rapidement. Partout dans le monde les acteurs se sont mobilisés, que ce soit des makers ou des professionnels, afin de produire des visières de protection, des valves, des lunettes de protection, etc. Le fabricant allemand EOS en fait partie et sa filiale en France n’est pas restée inactive : elle a en effet mis à disposition son savoir-faire et des matériaux d’impression à disposition et mobiliser son réseau de partenaires, n’ayant pas de machines à eux en France. Rappelons que l’entreprise conçoit des solutions industrielles basées sur une technologie de fusion laser sur lit de poudre, aujourd’hui compatibles avec du métal et des polymères dont des plastiques hautes performances. Afin d’en savoir plus sur cette mobilisation de EOS en France, nous avons rencontré Eduardo Alonso, Directeur Général de Electro Optical Systems SAS. Il nous en a dit plus sur la situation actuelle et comment la fabrication additive a apporté des solutions au monde entier.
3DN : Pouvez-vous vous présenter ainsi que votre rôle chez EOS ?
Je suis le Directeur General de Electro Optical Systems SAS, filiale française du groupe allemand EOS que nous représentons pour la vente de systèmes, matériaux et service après-vente dans les pays francophones. Nous sommes une équipe d’une vingtaine de personnes passionnées pour faire tourner les opérations. Les équipes SAV et ventes sont reparties sur l’ensemble du territoire français, tandis que les équipes administration et comptabilité sont basées au siège de la filiale qui se trouve à Lyon.
L’équipe service représente la plus grande partie de nos effectifs, avec 10 techniciens itinérants répartis sur le territoire national afin d’assurer les installations de nouvelles machines et la maintenance du parc machines existant qui totalise plus de 200 imprimantes 3D industrielles métal et polymère.
3DN : Comment vous êtes-vous adaptés à la crise sanitaire chez EOS France ?
Aujourd’hui nos bureaux à Lyon sont fermés car nous sommes tous en télétravail depuis que le confinement a été mis en place. Malgré la violence de la crise, nous avons pu nous adapter assez naturellement au télétravail étant donné que nos équipes ventes et service sont itinérants et donc habitués au travail à distance. Pour le reste, nous avons commencé par appliquer les gestes barrières au bureau dans un premier temps et dès que le confinement a été imposé, tout le monde s’est mis à télétravailler.
Nous sommes particulièrement vigilants pour le cas particulier de nos techniciens qui doivent se déplacer chez nos clients pour intervenir sur les machines. Avant toute intervention, on demande confirmation de nos clients comme quoi ils ont mis en place les mesures de sécurité appropriées. Entre autres, il est indispensable que l’application des gestes barrières et la distanciation sociale soient possibles. Aussi, la mise à disposition de produits désinfectants et masques FFP3 est nécessaire, sachant que leur fourniture devient de plus en plus difficile. Nous sommes également aidés par nos possibilités de service à distance grâce à nos logiciels de remote service que nous avons développé bien avant cette crise mais dont nous avons amplifié l’utilisation. Nous ne laissons donc pas nos clients seuls et sommes capables de les soutenir autant que faire se peut.
3DN : Pouvez-vous nous en dire plus sur les projets d’impression 3D lancés par EOS dans le cadre du Covid-19 ?
Dès le début de la crise, nous avons senti que l’impression 3D pouvait faire une différence et aider à la surmonter. Nous ne disposons pas de machines nous-mêmes en France pour produire, mais nous pouvons fournir du matériel et du savoir-faire. Aussi, nous avons mis en mouvement notre réseau de clients et partenaires pour mutualiser nos forces.
Nous nous sommes impliqués dans différents projets. Avec nos partenaires Evonik et Arkema, nous avons mis à disposition gratuitement 2 tonnes de matériaux PA11 et PA12 pour la production de différents éléments de sécurité pour le personnel sanitaire ainsi que des pièces pour respirateurs qui auront été données gratuitement aux centres hospitaliers. Parmi ces projets :
- Production de 1 200 pièces de respirateur pour les hôpitaux de Barcelone par ERPRO ;
- Mutualisation One Ortho, Silex3D, Amplitude et d’autres acteurs se sont mobilisés pour la production de visières et lunettes de protection, avec plus de 4 000 visières fabriquées au total ;
- Fabrication de 4 000 visières de protection par Addidream ;
- Production de 1 000 visières et lunettes de protection pour les hôpitaux de Paris (Bicêtre) par ERPRO ;
- Réalisation par Resmed d’une valve de fuite contribuant à réduire le risque de contamination du personnel soignant pendant la mise en place de l’assistance respiratoire des patients Covid+ dans les hôpitaux : 5 000 Pièces.
Plus globalement, d’autres initiatives ont été entreprises par notre maison mère en Allemagne et notamment la création d’une plateforme web pour partager des fichiers, des « sucess stories » et relayer des demandes de projets pour aider. Un groupe LinkedIn a également été mis en place pour partager ces expériences.
3DN : Qu’est-ce qui vous a particulièrement marqué pendant cette période ?
J’ai particulièrement apprécié la solidarité et la réactivité de la communauté de l’impression 3D. Beaucoup d’acteurs se sont mobilisés extrêmement rapidement et à titre gracieux, de façon solidaire. Même des acteurs concurrents en temps normal se sont mis à travailler ensemble et à partager leurs moyens et ressources afin de pouvoir augmenter les capacités de production. Dès que nous avons sollicité des partenaires ou des clients, tout le monde s’est rendu disponible. Comme quoi, il y a aussi des belles histoires qui se produisent pendant ces temps difficiles que nous traversons.
3DN : Quelles sont les réponses apportées par la fabrication additive pendant cette période ?
Cette crise a mis en évidence les limites de la globalisation. Lorsqu’il s’agit de réagir vite, de s’adapter à une nouvelle conjoncture non attendue ou de faire face à une crise qui se développe à grande vitesse, les chaines de production et approvisionnement classiques se montrent insuffisantes. L’impression 3D est agile et a permis de s’adapter et lancer en quelques heures la production de matériel sanitaire qui était manquant. Aussi, des concepteurs ont développé des idées innovantes qui ont pu être matérialisées et livrées aux hôpitaux en quelques jours. Cette flexibilité est inimaginable avec des méthodes de production classiques ou des chaines d’approvisionnement dépendantes de plein de facteurs externes qui se voient altérés par temps de crise.
3DN : Quelles sont les barrières qu’il reste encore à lever sur le marché ?
Je pense qu’il y a quelques apprentissages à en tirer. Au début, malgré la mobilisation, il a manqué un peu de coordination. Aussi, de nombreux projets ont été freinés par manque de certification et clarté sur comment accélérer ces certifications ou les dérogations correspondantes. De nombreux projets sont ainsi tombés à l’eau laissant des capacités et initiatives solidaires sans issue. C’est un peu dommage et j’espère qu’on en tirera les leçons et qu’on fera mieux lorsqu’on devra affronter une nouvelle crise… en espérant qu’il y en ait pas !!
3DN : Un dernier mot pour nos lecteurs ?
J’espère que malgré les difficultés, cette crise nous aura permis d’apprendre et de tirer du positif, même si cela se fait dans la douleur. Cela aura aussi permis de mettre en évidence que l’impression 3D a son rôle à jouer dans le monde médical et dans les chaines d’approvisionnement. Enfin, on aura aussi vu qu’en temps de crise, la solidarité et le bien commun passent par-dessus des intérêts financiers. Prenez soin de vous et restez en bonne santé !
Que pensez-vous des actions menées par EOS en France ? Partagez votre avis dans les commentaires de l’article ou avec les membres du forum 3Dnatives. Retrouvez toutes nos vidéos sur notre chaîne YouTube ou suivez-nous sur Facebook ou Twitter !