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#Startup3D : Yuyo et ses planches de surf imprimées en 3D

Publié le 10 décembre 2018 par Mélanie W.
yuyo

Yuyo est une jeune pousse française qui fabrique des planches de surf imprimées en 3D à partir de matériaux biodégradables. Depuis sa création, elle s’efforce de protéger les océans grâce à des produits plus écologiques tout en conservant un niveau de performances attendu par les nombreux surfeurs du globe. En se tournant vers l’impression 3D, la startup est capable de proposer des planches personnalisées et fabriquées localement tout en réduisant le niveau de déchets normalement obtenu par les méthodes de fabrication traditionnelles. Nous avons rencontré son fondateur, Romain Paul, qui nous en dit un peu plus sur tout le processus de production mais aussi sur le lien entre impression 3D et environnement ; les technologies pourraient en effet nous être utiles pour respecter davantage notre planète.

3DN : Pouvez-vous vous présenter ainsi que votre lien avec l’impression 3D ?

yuyoSurfeur depuis l’âge de 8 ans et shaper depuis une dizaine d’années, j’ai décidé aujourd’hui de me consacrer avec mes 3 associés à essayer de résoudre le « paradoxe du surfeur », c’est à dire offrir aux pratiquants de ce sport des planches écologiques et responsables, en phase avec leurs convictions environnementales. Nous avons tout d’abord orienté nos recherches vers des constructions en bois, mais nous avons eu du mal à trouver la bonne recette : toxicité de la colle, problème de viabilité économique… Ayant travaillé pour un imprimeur en ligne, nous fréquentions régulièrement les salons professionnels du print et nous avons ainsi découvert le formidable potentiel de l’impression 3D. Après quelques séances de formation et d’initiation au sein d’un Fablab (Labsud à Montpellier), nous avons conçu nos premiers prototypes et nous nous équipons aujourd’hui de notre propre imprimante grand format pour produire les premières séries en vue d’un lancement commercial au mois d’avril 2019.

3DN : Expliquez nous le paradoxe du surfeur ?

L’industrie du surf est caractérisée par un paradoxe historique né dans les années 50. À cette époque, les fabricants de planches ont commencé à utiliser le polyuréthane et les alliages composites, fibre de verre et résines polyester dans la constitution de leurs modèles. Les planches ainsi stratifiées étaient non seulement plus légères que leurs grandes soeurs en bois, mais également très résistantes aux efforts mécaniques tout en conservant la souplesse et la fluidité recherchées par les pratiquants. Au début réservées à la haute performance, ces méthodes de fabrication se sont vite répandues jusqu’à devenir la norme incontestée en matière de fabrication de planches de surf.

Aujourd’hui, plus d’un demi siècle plus tard, cette méthode de fabrication est restée la même ! L’offre de matériaux s’est légèrement étoffée avec l’introduction du polystyrène expansé et des résines epoxides mais les planches sont fabriquées de la même façon : un pain de mousse (polyuréthane ou polystyrène) est découpé à la forme puis recouvert d’une ou plusieurs couches de fibre de verre et de résine polyester ou epoxy. Autrement dit : un véritable cocktail de matières polluantes, non recyclables et particulièrement toxiques pour le milieu marin. Outre leur impact sur l’environnement, la manipulation de ces produits est également dangereuse pour l’homme et met en péril la santé des shapers.

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Pourtant, en pratiquant le surf, on développe naturellement une conscience environnementale particulièrement aiguë. Les vagues sur lesquelles on surfe sont le produit d’éléments naturels : les courants, les vents, les marées, la morphologie des fonds marins, etc… La pratique de notre sport dépend ainsi du bon vouloir des mers et des océans, qui sont notre terrain de jeu. Cette connexion forte à l’environnement naturel fait de la culture du surf une culture par essence éco-responsable.  Il y a donc une véritable contradiction entre la vision et les convictions environnementales des surfeurs et la toxicité du matériel qu’ils utilisent. C’est ce paradoxe que nous souhaitons résoudre en proposant des planches de surf biosourcées, c’est à dire composées à 95% de matière naturelle, végétale ou minérale. Des planches inoffensives pour le milieu marin, fabriquées de façon responsable.

3DN : Pourquoi vous êtes-vous tourné vers l’impression 3D pour fabriquer vos planches de surf  ?

La fabrication additive nous permet :

  • d’utiliser des matériaux naturels : nous imprimons la structure interne de nos planches avec du PLA, un biopolymère d’origine végétale, entièrement biodégradable.
  • de fabriquer localement, à proximité des lieux de pratique et réduire ainsi les émissions de CO2 liés au transport
  • de limiter la marge d’erreur et augmenter le niveau de précision en réduisant l’intervention humaine
  • de réduire considérablement la production de déchets, en comparaison avec la fabrication soustractive traditionnelle
  • de produire des planches à la demande et entièrement sur-mesure, avec un potentiel de personnalisation sans limites.
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L’impression d’une planche

3DN : Pouvez-vous nous en dire plus sur le processus d’impression 3D chez Yuyo ?

Nous avons réalisé plusieurs prototypes avec différents fabricants de machines en Europe et nous avons finalement retenu l’entreprise Tobeca, basée à Vendôme (41). Nous leur avons commandé une machine qui sera installée dans notre atelier Montpelliérain début janvier. Cette machine nous permet de fabriquer des planches jusqu’à 2m40 de haut et 65cm de large. Il faut en moyenne 30 à 40 heures pour imprimer une planche. Après impression, nous stratifions nos planches avec une fibre naturelle et une résine biosourcée.

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3DN : Selon vous, comment l’impression 3D peut-elle aider à préserver notre environnement ?

L’impression 3D permet de relocaliser la production industrielle. Cela contribue au développement économique des territoires concernés mais aussi à la réduction des émissions de gaz à effet de serre liés au transport. Elle permet également de réduire considérablement la production de déchets industriels, dans la mesure où on n’utilise que la stricte quantité de matière nécessaire à la fabrication de chaque pièce. Enfin, l’impression 3D permet la démocratisation de matériaux écologiques comme le PLA.

3DN : Un dernier mot pour nos lecteurs ?

Surfez écolo, surfez Yuyo 🙂 Je vous invite à voir nos différents modèles de planche ICI.

Que pensez-vous des planches de surf imprimées en 3D de Yuyo ? Partagez votre avis dans les commentaires de l’article ou avec les membres du forum 3Dnatives.

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