Triastek : un médicament pour la rectocolite hémorragique imprimé en 3D qui cible directement le côlon

L’impression 3D se fait une place de plus en plus importante dans le secteur de la santé, y compris dans les produits pharmaceutiques. En effet, certains laboratoires explorent l’utilisation de la fabrication additive pour créer des médicaments personnalisés afin de mieux traiter les maladies. Désormais l’un des plus grands fabricants chinois, Triastek a récemment annoncé le succès d’une première étude chez l’homme pour son troisième médicament imprimé en 3D, le T21. Il a été prouvé qu’il délivre directement au niveau du côlon le médicament, dédié au traitement de la colite ulcéreuse modérée à sévère. C’est la première fois que ce système de ciblage du côlon est validé lors de tests sur l’être humain, selon Triastek.

La colite ulcéreuse, ou rectocolite hémorragique, est une maladie intestinale inflammatoire chronique. Selon la clinique Mayo, elle provoque une inflammation et des ulcères dans la muqueuse la plus interne du gros intestin, autrement connu sous le nom de côlon. Bien qu’il n’existe aucun remède, le traitement est impératif pour éviter les complications potentiellement mortelles telles qu’un côlon perforé, un risque accru de caillots sanguins, des saignements sévères, une déshydratation sévère, et d’autres effets.

Triastek est l’un des fabricants de premier plan de médicaments imprimés en 3D (crédits photo : Triastek)

La maladie se développe souvent à l’âge adulte. En France, la rectocolite hémorragique touche environ une personne sur mille selon le Vidal. Cependant, comme pour d’autres maladies gastro-intestinales, bien que la prise de médicaments par voie orale soit la méthode d’administration des médicaments privilégiée, son efficacité varie énormément d’un patient à l’autre. En effet, les mécanismes de transport de l’environnement digestif et des muqueuses à travers le tractus gastro-intestinal peuvent différer considérablement. En conséquence, cela peut entraîner des complications telles que la libération du médicament dans d’autres parties du système gastro-intestinal. En outre, il est difficile de cibler des zones spécifiques pour leur administrer les médicaments. C’est justement le problème que Triastek espère résoudre avec le T21, un médicament administré par voie orale dans le côlon, qui a déjà reçu l’autorisation IND de la FDA.

Le dernier médicament imprimé en 3D de Triastek, le T21, peut cibler le côlon

Pour créer le T21, Triastek s’est tourné vers son processus auto-développé, intitulé Microstructure 3D, pour le ciblage du côlon (3DµS-CT) afin de développer un prototype imprimé en 3D avec diverses combinaisons de mécanismes de contrôle de libération multiples. Cela leur a permis de tester divers effets du temps et du pH et d’obtenir une administration plus précise du médicament dans le côlon, car ils ont pu réduire l’impact des différences gastro-intestinales individuelles. La technique s’appuie sur la technologie 3D exclusive Melt Extrusion Deposition (MED) de Triastek, qui a également été utilisée pour la création d’autres médicaments imprimés en 3D par la société. Le processus est effectué avec une imprimante 3D spécialement conçue, qui permet de mélanger et de fusionner les matières premières en poudre en un semi-solide mobile avant d’être extrudées et imprimées couche par couche, ce qui donne des comprimés de médicament en trois dimensions.

La façon dont est conçu le T1 (à gauche) ainsi que les différents procédés de fabrication additive employés (à droite) (crédits photo : Triastek).

Le comprimé T21 testé par la FIH se compose de plusieurs couches afin d’atteindre le ciblage précis du côlon. Selon Triastek, il est composé de trois couches : une couche entérique, une couche de retard et un noyau de médicament. La couche externe est la couche entérique, qui maintient la structure globale du comprimé dans l’environnement acide gastrique. Ainsi, il dépend du pH. Une fois que le comprimé a traversé le pylore jusqu’à l’intestin grêle, il est rapidement érodé afin d’exposer la couche retardatrice. Cette couche dépend du temps et continue de s’éroder à un rythme constant dans le tractus intestinal. Ce taux d’érosion peut également être ajusté via l’épaisseur de la couche de matériau(x) polymère(s) présélectionné(s) afin de s’adapter à chaque patient. Le comprimé doit être totalement érodé lorsqu’il entre ou dans le côlon ascendant, libérant le noyau du médicament. Il s’agit des ingrédients actifs qui devraient être plus efficaces car ils ont atteint la zone ciblée pour un impact maximal. Avec ce test FIH, il a été prouvé que la tablette réussit à cibler la zone souhaitée, une nouvelle victoire pour le marché des médicaments imprimés en 3D lorsqu’il s’agit de traiter les maladies gastro-intestinales. Le professeur Xiaoling Li, co-fondateur et directeur scientifique de Triastek, a conclu : « Les premières données d’étude sur l’homme avec le T21 vérifient la capacité précise d’administration du processus MED au niveau du côlon, et ce mécanisme est en passe de devenir le nouveau système d’administration de médicaments de choix pour les nouveaux produits ciblant le côlon avec une efficacité locale ou une absorption systémique. Nous espérons continuer à montrer comment les processus d’impression 3D de Triastek peuvent apporter des solutions techniques aux sociétés pharmaceutiques pour le développement efficace de produits administrant des médicaments de manière optimisée, conduisant finalement à la capacité de fournir aux patients des médicaments aux meilleurs résultats cliniques. Vous pouvez en savoir plus dans le communiqué de presse de Triastek ICI.

Que pensez-vous du médicament de Triastek ? N’hésitez pas à partager votre avis dans les commentaires de l’article. Retrouvez toutes nos vidéos sur notre chaîne YouTube ou suivez-nous sur Facebook ou Twitter !

*Photo de couverture : Colite ulcéreuse chronique inactive dans un spécimen de résection (crédits photo : CoRus13, CC BY-SA 4.0 via Wikimedia Commons)