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Quelles ont été les tendances de l’impression 3D en 2024 ?

Publié le 30 décembre 2024 par Mélanie W.
impression 3D 2024

2025 est à nos portes, il est donc temps de faire le point sur l’année qui vient de s’écouler, comme nous avons l’habitude de le faire. À la même époque l’année dernière, on vous parlait déjà de certaines tendances comme le ralentissement de l’industrie ou le développement de l’intelligence artificielle. Ces tendances 2023 ont eu un impact sur 2024 et c’est peut-être la première chose à regarder de plus près avant de se plonger dans notre rétrospective annuelle.

L’année dernière, nous avions débuté notre bilan en évoquant l’IA et son influence grandissante sur le secteur. En 2023, les logiciels IA ont continué de s’imposer dans le domaine de la fabrication additive, même si l’enthousiasme débordant autour de leur potentiel s’est quelque peu modéré. Cela ne signifie pas que l’IA a déçu, bien au contraire : elle consolide progressivement sa présence dans des applications ciblées, telles que le domaine médical, tout en restant un pilier de la conception générative. Ce rôle plus mesuré, mais tout aussi essentiel, illustre la manière dont l’IA continue d’évoluer et de répondre aux besoins spécifiques des utilisateurs. À l’image de l’impression 3D, l’IA ne transformera pas tous les secteurs, mais elle s’imposera là où elle peut véritablement faire la différence.

La Bambu Lab A1 a été rappelée cette année, mais l’entreprise a tout de même connu une forte croissance (crédits photo : Bambu Lab).

Le budget reste un facteur clé dans le secteur. En 2023, Bambu Lab a marqué les esprits en attirant l’attention grâce à ses solutions de bureau à la fois rapides et abordables. Cette dynamique s’est poursuivie en 2024. Malgré quelques défis, notamment le rappel de l’imprimante 3D A1, Bambu Lab a continué à s’imposer comme un acteur majeur de l’industrie, élargissant rapidement sa gamme de produits. Cette évolution souligne une réalité importante : pour de nombreux utilisateurs d’impression 3D, l’accessibilité financière demeure une priorité essentielle.

Mais quelles sont les autres tendances de l’impression 3D en 2024 ? Qu’est-ce qui a eu le plus d’impact sur l’industrie cette année ? Voyons cela de plus près.

Un marché plus sombre pour la fabrication additive

Il n’y a pas de mystère : en 2024, l’industrie de l’impression 3D a continué de faire face à des défis majeurs. Ceux-ci résultent non seulement d’un ralentissement économique mondial, mais aussi d’un impact particulièrement prononcé sur cette technologie. Une grande partie de ces difficultés découle de l’éclatement de la bulle en 2023, entraînant des obstacles de croissance qui continuent de peser lourdement sur le marché.

Par exemple, dans notre article consacré aux tendances de l’impression 3D en 2023, nous avions évoqué l’instabilité du secteur, illustrée par de nombreuses annonces de fusions et de licenciements. Ces phénomènes ont également marqué l’année 2024, confirmant la persistance de ces défis structurels.

En septembre 2024, Stratasys a annoncé un plan de licenciement touchant environ 15 % de ses effectifs. Parallèlement, un autre acteur majeur, 3D Systems, a choisi de céder son logiciel de métrologie pour recentrer ses efforts sur son portefeuille de solutions dédiées à l’impression 3D. L’année a également été marquée par la faillite de Shapeways, bien qu’une relance soit envisageable. En effet, l’entreprise a acquis la plateforme de modèles populaire Thangs avant sa déclaration de faillite. Markforged, de son côté, a connu des difficultés croissantes après avoir été condamnée à verser 17 millions de dollars à Continuous Composites dans le cadre d’un litige sur la propriété intellectuelle. Cette situation a été aggravée par des commentaires critiques d’anciens dirigeants, qui ont mis en question les compétences actuelles de la direction. Dans ce contexte, Nano Dimension a annoncé son intention d’acquérir Markforged, ajoutant une nouvelle dimension à cette période de turbulences pour l’entreprise.

En effet, Nano Dimension a fait pas mal de vagues en termes d’acquisitions cette année. Au-delà de Markforged, la société a également annoncé son intention d’acquérir Desktop Metal, en difficulté depuis quelques années. Alors que l’affaire semblait entendue, elle a été remise en question par Yoav Stern, PDG de Nano Dimension. En même temps, l’actionnaire activiste Murchinson Ltd, qui a gagné des parts pour atteindre un total d’environ 7,1 %, a remporté une victoire dans sa lutte de longue date pour la direction de l’entreprise lorsque les candidats administrateurs qu’il avait désignés, Ofir Baharav et Robert Pons, ont été élus au conseil d’administration.

3D printing trends 2024

Yoav Stern, PDG de Nano Dimension, était l’un des participants à la série Executive Perspectives à RAPID + TCT 2024 où il a souligné son désir de contribuer à la consolidation de l’industrie de l’impression 3D par le biais d’acquisitions (crédits photo : 3Dnatives).

L’incertitude autour de Nano Dimension s’est encore accentuée avec la démission de six administrateurs, laissant un conseil d’administration réduit à quatre membres soutenus par Murchinson. Malgré cette instabilité, le nouveau conseil a déclaré : « En tant que conseil d’administration nouvellement reconstitué, nous nous engageons à garantir une gouvernance d’entreprise solide et à mettre en œuvre des stratégies visant à maximiser la valeur à long terme pour les actionnaires. » Cette déclaration, bien qu’optimiste, montre une insatisfaction à l’égard des choix qui ont été faits par le conseil d’administration de Nano Dimension jusqu’à présent.

Il est certain que la saga est longue, puisque Murchinson tente depuis un certain temps de remplacer Yoav Stern pour ce qu’il considère comme de l’incompétence. Dans un communiqué de presse, la société a déclaré : « Le conseil d’administration de Nano a démontré qu’il ne pouvait pas ou ne voulait pas demander des comptes à la direction et qu’il n’avait pas le jugement nécessaire pour utiliser les liquidités et les autres ressources de Nano de manière responsable ».

Où cela nous mène-t-il ? Il est clair que le marché n’est pas prêt de se stabiliser. Qu’adviendra-t-il de Markforged et de Desktop Metal ? Il semble peu probable que les acquisitions se fassent, mais il est impossible de le dire pour l’instant. Cependant, le fait qu’il ne reste que des membres de Murchinson au conseil d’administration de Nano Dimension rend plus probable le rejet des accords.

Quoi qu’il en soit, malgré une année plus conservatrice où l’accent a été mis sur la stabilité plutôt que sur la croissance, il y a eu quelques signes positifs. Lors de Formnext, l’ambiance était plus dynamique qu’en 2023 et les communiqués de presse abondaient, les partenariats étant particulièrement mis en avant dans l’industrie. Cette collaboration est un moyen sûr de contribuer à renforcer le secteur de la fabrication additive en cette période difficile.

Les applications de l’impression 3D à l’honneur en 2024

Cette année, nous avons constaté que l’accent était davantage mis sur les applications concrètes que sur les innovations en matière de machines. C’est un signe que le marché réagit à la perte de confiance dans les promesses excessives en montrant clairement comment la technologie peut être utilisée.

Renishaw avait des applications d’impression 3D au premier plan de son stand à Formnext 2024, dont celle-ci pour les vélos (crédits photo : 3Dnatives).

Par exemple, dans les salons professionnels, bien que les machines soient évidemment présentes, davantage d’espace est consacré aux applications physiques. Prenons l’exemple de Renishaw. Le fabricant britannique exposait de nombreuses pièces, dont un vélo utilisé lors des Jeux olympiques de Paris et sa pièce imprimée en 3D, l’une des pièces métalliques les plus intéressantes que nous ayons vues cette année.

Les communiqués de presse publiés au cours de l’année en témoignent également. Qu’il s’agisse de médecine, d’aérospatiale, de construction ou d’automobile, les principaux fabricants présentent des applications intéressantes. Cette situation contraste avec celle d’il y a quelques années où, même si les applications étaient bien sûr présentes, nous avons vu beaucoup plus d’innovations que ce qu’elles pouvaient faire. Il s’agit d’une réponse directe à une critique formulée à l’encontre du marché de la fabrication additive, à savoir que l’impression 3D n’est pas en mesure de tenir ses promesses.

Comme mentionné précédemment, bien que la technologie ait connu un ralentissement global, l’un des facteurs ayant particulièrement affecté le marché de la fabrication additive est la déception des utilisateurs face aux performances des machines. Si les imprimantes 3D offrent des possibilités intéressantes et se prêtent à de nombreux usages, il est essentiel de maintenir des attentes réalistes quant à leurs capacités réelles.

Mettre en avant des applications concrètes répond directement à cette problématique en illustrant l’utilisation pratique de l’impression 3D. Une autre manière d’y parvenir réside dans une tendance croissante : le retour du prototypage et de l’outillage en tant qu’applications phares, aux côtés de la fabrication hybride. L’industrie semble avoir saisi l’importance de guider les utilisateurs en leur montrant des cas d’usage clairs et en les aidant à choisir la technologie adaptée à leurs besoins.

Cela s’est également traduit par une augmentation de la certification dans le secteur. Longtemps perçue comme un frein à l’adoption, l’un des développements les plus marquants de l’impression 3D lors de Formnext 2024 a été l’accent mis sur la certification, tant des pièces que des processus. Les principales organisations, y compris celles travaillant dans des secteurs spécifiques comme la SAE pour l’aérospatiale et la fabrication en général, réalisent des progrès, permettant ainsi aux utilisateurs d’imprimer plus facilement des pièces en 3D. Il est clair que cette dynamique se poursuivra en 2025, contribuant à relancer le marché de la fabrication additive.

3D printing trends 2024

La présence de SAE International à Formnext 2024, notamment dans cette présentation sur la conception de pièces imprimées en 3D dans l’automobile et l’aérospatiale, montre l’importance de la certification dans le secteur en 2024 (crédits photo : 3Dnatives).

L’essor de la Chine

La Chine est un acteur clé de la fabrication additive depuis plusieurs années. Cependant, au cours de l’année écoulée, nous avons observé une véritable intensification de la présence des fabricants chinois, notamment dans le secteur de la fabrication additive industrielle. Cette expansion en Chine a été l’une des tendances majeures de l’impression 3D en 2024.

L’une des manifestations de la croissance de la Chine a été observée à Formnext. Lors des éditions précédentes, bien que des entreprises chinoises aient été présentes, elles se concentraient principalement sur les grands acteurs ou ceux spécialisés dans l’industrie. Par exemple, Creality et des entreprises comme Farsoon étaient régulièrement présentes. Cette année, toutefois, nous avons constaté une véritable expansion, avec environ 100 exposants chinois, dont certains occupaient même les plus grands stands de l’événement.

Alors que de nombreux exposants occidentaux ont choisi des stands plus petits, certains des plus impressionnants provenaient de fabricants chinois. Par exemple, l’entreprise Eplus3D avait un stand de deux étages, où elle a pu mettre en avant des applications industrielles de la fabrication additive métal, comme une tuyère de fusée. Bambu Lab et Creality, situés côte à côte, occupaient également des stands relativement spacieux par rapport à d’autres exposants et ont attiré une affluence importante.

La croissance de la Chine dans le domaine de l’impression 3D se traduit également par d’autres indicateurs. Par exemple, un rapport de Grand View Research révèle qu’après avoir généré 1,45 milliard d’euros en 2023, le marché chinois de l’impression 3D devrait atteindre 7,907 milliards d’euros d’ici 2030, avec un taux de croissance annuel composé (TCAC) de 27,5 % entre 2024 et 2030. En comparaison, le marché mondial de l’impression 3D devrait croître à un TCAC de 23,5 % sur la même période, tandis que le plus grand marché actuel, l’Amérique du Nord, n’enregistrera qu’une croissance de 22,4 %.

Selon un rapport de CONTEXT publié en janvier 2024, le marché chinois de l’impression 3D d’entrée de gamme est l’un des plus rentables au monde. Bambu Lab, dans le secteur FDM, et ELEGOO, dans le domaine de l’impression résine, ont particulièrement été remarqués pour leur forte croissance, malgré la baisse générale des revenus. Le rapport souligne également que ces imprimantes d’entrée de gamme commencent à s’impliquer dans le marché de l’impression 3D industrielle, en raison de leur capacité à être utilisées pour des applications professionnelles, tout en restant à des prix bien plus compétitifs.

BLT est l’une des entreprises chinoises d’impression 3D qui a connu une croissance importante en 2024 (photo credits : BLT)

Cela dit, le pays connaît une évolution marquée vers l’industrialisation. Alors que les imprimantes 3D chinoises, de bureau et d’entrée de gamme continuent de gagner en popularité, des entreprises telles que Bright Laser Technologies (BLT), Eplus3D et Farsoon se distinguent non seulement par une multitude d’applications innovantes cette année, mais également par des bénéfices conséquents. BLT, en particulier, figure parmi les entreprises de fabrication additive les plus rentables au monde, avec une croissance de près de 60 % de son chiffre d’affaires entre 2022 et 2023, une performance qui s’est poursuivie en 2024.

Bien sûr, cette croissance n’est pas sans conséquences. En plus de l’intensification de la concurrence avec les fabricants chinois, des plaintes pour violation de brevets ont également été déposées. Le conflit entre Stratasys et Bambu Lab en est un exemple flagrant.

Cette année, Stratasys a poursuivi Bambu Lab pour contrefaçon de brevet, l’accusant d’utiliser une technologie brevetée dans ses imprimantes 3D, notamment les tours de purge et les plateaux d’impression chauffés. L’affaire, toujours en cours, a déclenché un débat entre les utilisateurs et les fabricants d’imprimantes 3D, avec des opinions divergentes.

Qui a raison ? La réponse se situe probablement entre les deux. Mais quoi qu’il en soit, on peut affirmer que la montée en puissance de la Chine a été l’une des tendances dominantes de l’impression 3D en 2024.

Le sensationnalisme en hausse

Dans une année aussi agitée, nous avons également observé une hausse du sensationnalisme dans le domaine de l’impression 3D. Que voulons-nous dire par là ? De nombreux sujets tendances ont émergé, alimentant les discussions, notamment dans les médias grand public.

Par exemple, de nombreuses sources médiatiques évoquent fréquemment les armes imprimées en 3D. Bien qu’il y ait des faits concrets, avec des cas où des armes imprimées en 3D ont été impliquées ces dernières années, et qu’il soit légitime pour les gouvernements de s’y intéresser, cela ne reflète pas l’ensemble de la situation. Les armes imprimées en 3D demeurent un problème marginal dans la plupart des pays, mais l’attention qu’elles reçoivent est disproportionnée.

La viande imprimée en 3D, comme cet exemple de Steakholder Foods, a fait l’objet de nombreuses discussions en 2024 (crédits photo : Steakholder Foods).

Cela dit, le sensationnalisme ne doit pas être vu uniquement sous un angle négatif. Bien que nous ayons observé une augmentation des rumeurs et des articles à sensation dans le secteur, il existe aussi une forme de sensationnalisme utilisée pour mettre en lumière la fabrication additive. C’est notamment le cas de l’impression 3D dans les domaines de l’alimentation et de la construction.

Dans le dernier domaine de la construction, l’industrie a démontré l’efficacité de la fabrication additive, avec plusieurs maisons déjà construites grâce à cette technologie. En 2024, de nombreux exemples ont également mis en évidence comment l’impression 3D dans la construction peut contribuer à rendre le logement plus abordable, en répondant directement à la crise du logement mondiale

La nourriture connaît également un essor. Des entreprises comme Revo Foods et Steakholder Foods parviennent à produire de la viande et du poisson imprimés en 3D, réputés pour être plus écologiques. Cela suscite des débats, notamment avec l’apparition de certains de ces produits dans les supermarchés. Toutefois, ce secteur est aussi marqué par du sensationnalisme, notamment de la part de médias non spécialisés dans l’impression 3D, concernant la question de savoir si la viande imprimée en 3D devrait être consommée.

Ce sensationnalisme sert un objectif. Il permet de mettre l’impression 3D sous les projecteurs à un moment où cela est nécessaire, notamment auprès de ceux qui ne sont pas encore bien familiers avec ces technologies.

Quoi qu’il en soit, 2024 a été une année marquante pour l’industrie de l’impression 3D. Il sera intéressant de voir si le secteur poursuivra cette trajectoire ou si un tournant se produira en 2025.

Que pensez-vous de ces tendances de l’impression 3D à partir de 2024 ? Qu’ajouteriez-vous ? N’hésitez pas à partager votre avis dans les commentaires de l’article. Retrouvez toutes nos vidéos sur notre chaîne YouTube ou suivez-nous sur Facebook ou LinkedIn !

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