La fabrication additive, plus mature que jamais, s’impose chez les industriels
Pour la 7ème année consécutive, le service d’impression Sculpteo publie son étude, The State of 3D Printing, qui met en lumière les utilisateurs de la fabrication additive à travers le monde. Cette année, le rapport est un peu différent car il s’est également intéressé à l’impact de la crise sanitaire sur les activités d’impression 3D des répondants. Et il faut dire que celui-ci est globalement positif : 30% d’entre eux affirment avoir augmenté leurs opérations d’impression 3D en réponse au COVID-19 tandis que 23% ont investi plus de 100 000 euros. On peut ajouter que les participants maintiennent une confiance dans la technologie, prêts à investir davantage en 2021 pour 61% d’entre eux. L’étude montre donc une certaine bonne santé de l’industrie de la fabrication additive, confirmant finalement ce qui avait été annoncé l’année dernière.
La 7ème édition du State of 3D Printing intègre les réponses de 1 900 professionnels du secteur, répartis dans 86 pays différents. Clément Moreau, CEO et co-fondateur de Sculpteo, souligne le fait que c’est la première fois que l’étude est aussi internationale. Cette année, notez une plus forte maturité du secteur de l’impression 3D, avec davantage de participants qui ont fait le choix de la technologie en interne et ont structuré leurs activités autour de celle-ci. 18% d’entre eux ont créé un département dédié à la fabrication additive et 43% l’utilisent depuis plus de 5 ans. Cela vient forcément changer les usages premiers de la technologie ; vous le savez, elle était principalement utilisée à des fins de prototypage rapide mais la tendance s’inverse depuis maintenant quelques années. Les chiffres parlent d’eux-mêmes avec 53% des répondants qui ont recours à l’impression 3D pour de la petite série et 25% pour de la grande.
Justement, si on va plus loin en termes d’applications, l’étude montre que davantage d’entreprises impriment en 3D des pièces finies, notamment des pièces mécaniques (52%) et des biens de consommation (27%). L’outillage et la création de pièces de rechange n’ont pas à rougir non plus ; on pense ici à cette tendance de réparabilité des composants, de lutte contre l’obsolescence programmée, l’impression 3D propose une alternative très intéressante, à tel point que le gouvernement français l’avait intégrée dans sa loi anti-gaspillage.
Bénéfices, challenges et barrières à lever
The State of 3D Printing est également une occasion de faire le point sur les principaux avantages de la fabrication additive. Sans trop de surprise, la possibilité de créer des géométries complexes et d’itérer rapidement restent les deux bénéfices principaux (69% et 52% respectivement). Ce qui a changé cette année est la personnalisation de masse : pour 41% des répondants, l’impression 3D permet de concevoir des produits sur-mesure plus facilement et rapidement, contre 32% en 2020. Cela peut s’expliquer en autres par la pandémie actuelle : les technologies 3D ont permis de fabriquer des équipements de protection individuelle, des dispositifs personnalisés, etc. Le secteur médical a grandement bénéficié de la fabrication additive, capable de proposer des outils adaptés à chaque patient.
Les limites de la fabrication additive restent sensiblement les mêmes par rapport à l’année dernière c’est-à-dire la difficulté à contrôler la qualité d’une pièce imprimée en 3D et le post-traitement qui est souvent trop chronophage. Les utilisateurs professionnels soulignent l’importance de la répétabilité dans leurs processus de fabrication : comment garantir la même pièce d’une impression à une autre ? D’ailleurs, pour 59% d’entre eux, le manque de fiabilité des technologies d’impression 3D empêchent une croissance optimale du marché. Une barrière à l’entrée à laquelle on peut ajouter des coûts d’entrée élevés et un manque de matériaux innovants. François Minec, Managing Director de BASF Forward AM, ajoute : « La cohérence et la fiabilité de la technologie d’un lot à l’autre, le coût total de possession et les matériaux permettant de nouvelles applications sont les clés pour poursuivre le développement de la technologie. L’industrie doit également prendre conscience du potentiel des méthodes de conception pour la fabrication additive (DfAM). »
Enfin, la question des matériaux a été abordée plusieurs fois. Pour 72% des participants, la solidité est la principale caractéristique recherchée ce qui n’est pas si étonnant finalement puisque davantage d’entreprises impriment en 3D des pièces finies pour des applications industrielles exigeantes. Il suffit de voir la croissance des matériaux hautes performances ces dernières années. Le prix et la facilité d’utilisation sont deux autres critères importants à prendre en compte quand il s’agit de matériaux.
L’impact du COVID-19 sur le marché de l’impression 3D
Finalement, la crise sanitaire n’aura pas tant affecté l’industrie de la fabrication additive, au contraire, elle lui a plutôt mis un beau coup de projecteur en démontrant sa flexibilité et sa capacité à réparer des chaînes d’approvisionnement brisées. Selon l’étude de Sculpteo, 37% des entreprises interrogées ont eu de nouvelles opportunités en termes de business et de plus fortes demandes en impression 3D pendant cette période. Bien sûr, le marché aurait pu croître encore plus sans cette pandémie. Il affiche en tout cas des promesses intéressantes pour les prochaines années.
Ramon Pastor, VP & GM 3D Printing, HP, conclut : « La COVID-19 et l’incertitude géopolitique et économique ont accéléré l’intérêt pour l’adoption de l’impression 3D afin de construire des chaînes d’approvisionnement résilientes et de permettre une fabrication locale à la demande. Alors que la COVID-19 a perturbé les chaînes d’approvisionnement mondiales et limité la capacité à livrer efficacement les matériaux critiques, l’impression 3D est apparue comme une technologie clé pour répondre à certaines des fournitures les plus demandées. Bien que de nombreuses entreprises comprennent l’importance de la transformation numérique, la pandémie a entraîné des perturbations commerciales, y compris des limitations des dépenses d’investissement, ce qui a entraîné un ralentissement de la croissance de l’impression 3D au cours de l’année écoulée.«
Vous pouvez retrouver l’ensemble de l’étude ICI. Que pensez-vous de la maturité de la fabrication additive ? N’hésitez pas à nous en faire part dans les commentaires de l’article ou avec les membres du forum 3Dnatives. Retrouvez toutes nos vidéos sur notre chaîne YouTube ou suivez-nous sur Facebook ou Twitter !