R3direct imprime du mobilier urbain en 3D avec des matériaux recyclés
La durabilité et les enjeux écologiques occupent une place centrale dans la société actuelle, et ce, dans tous les domaines. De nombreuses entreprises s’engagent sur ce front en exploitant les avantages et les bénéfices de l’impression 3D pour inventer des matériaux, des produits et des processus de production ayant un impact minimal sur l’environnement. L’entreprise lucquoise r3direct en fait partie ; cette jeune pousse italienne s’appuie sur l’impression 3D grand format et des matériaux issus de déchets recyclés. Ses projets ont été reconnus et soutenus par l’administration publique, ainsi que par des initiatives privées renommées dans les domaines de l’art et de l’architecture. Pour en savoir plus, nous avons interviewé son co-fondateur Stefano Giovacchini !
3DN : Pouvez-vous vous présenter et nous dire comment vous avez découvert l’impression 3D ?
Bonjour, je m’appelle Stefano Giovacchini, je suis designer et co-fondateur de r3direct, une entreprise qui expérimente l’utilisation de matériaux recyclés et durables pour l’impression 3D grand format. J’ai également « adopté » l’économie circulaire depuis des années et j’enseigne le « design pour l’économie circulaire » à la School of Sustainability de Milan. Chez r3direct, je suis particulièrement impliqué dans la recherche sur la forme et l’utilisation de nouveaux matériaux issus de chaînes d’approvisionnement circulaires et durables. J’ai découvert l’impression 3D en tant qu’amateur de technologies open source et de logiciels libres : je participais au LUG (Linux User Group) de ma ville, Lucca, et j’ai décidé avec un ami d’acheter l’un des tout premiers kits du projet RepRap. C’était une véritable aventure de parvenir à la première impression, mais c’est une expérience dont je me souviens encore avec grand plaisir. Grâce à l’impression 3D, j’ai pu inventer un nouveau métier. Aujourd’hui, nous fabriquons des produits et des services qui n’existeraient pas sans les imprimantes 3D.
3DN : Quand et comment est né R3direct ? Avec quel objectif ?
R3direct est né grâce à un appel d’offres pour une économie circulaire lancé par la municipalité de Capannori (LU) (célèbre « municipalité de recyclage » et foyer du zéro déchet), auquel j’ai participé avec ce qui est devenu plus tard mes partenaires, Cristiano Cavani et Marco Paganucci. L’idée était de récupérer le plastique de la collecte sélective des déchets et de créer des produits durables pour les citoyens avec ce plastique. L’idée leur a plu et nous avons remporté l’appel d’offres. Un an plus tard, nous avons entamé une relation de recherche et développement avec Revet S.p.A., une entreprise qui sépare les déchets multimatériaux de 90 % de la Toscane, pour l’utilisation de granules de plastique recyclé dans l’impression 3D grand format. À ce jour, nous sommes toujours partenaires de Revet pour différents projets.
3DN : Pouvez-vous nous parler des projets les plus intéressants sur lesquels R3direct a travaillé ?
C’est précisément parce que R3direct travaille beaucoup en collaboration avec des designers que des projets très intéressants sont nés de ces nombreuses synergies. Desko® est un modèle innovant de mobilier urbain conçu par quatre jeunes architectes florentins pour étudier et travailler en plein air ; il est autosuffisant car il est alimenté par un panneau solaire. Nous nous occupons à la fois de l’ingénierie et de la production, et en mars nous en installerons deux dans un parc de Florence. Une autre collaboration notable est celle avec l’architecte Mario Cucinella, pour qui nous avons réalisé 80 tabourets pour son installation Design with Nature, qui a été présentée au Salon du meuble de Milan 2022. Pour fabriquer les tabourets, nous avons utilisé environ 280 kg de plastique post-consommation provenant de la collecte porte-à-porte.
Avec la School of Sustainability de Milan, nous avons également imprimé une quarantaine de sièges pour Kaboom, un événement public consacré à la durabilité qui s’est tenu à Bologne en 2020. En outre, je voudrais mentionner les objets que je conçois personnellement, auxquels je suis particulièrement attaché, comme le plafonnier Magma, imprimé dans des déchets urbains » sales » et recouvert intérieurement de feuilles d’or, qui a été créé en 2019 comme le manifeste de notre activité et exposé dans diverses expositions internationales.
3DN : Pouvez-vous nous en dire plus sur votre projet U.S.E. ?
Le projet USE nous occupe depuis des années : il s’agit d’un projet de recherche et de conception qui réunit l’industrie, les concepteurs et les administrations locales. L’idée découle de la thèse d’une jeune architecte, Giulia del Grande, qui a imaginé recouvrir les barrières antiterroristes en béton (malheureusement toujours utiles et obligatoires en vertu de la loi lors d’événements publics) d’un système d’éléments modulaires offrant un service aux citoyens : bancs, jardinières et supports à vélos.
Chez R3direct, nous avons proposé de développer les premiers prototypes et le résultat a été le premier exemple d’utilisation de ce matériau dans le mobilier public à l’aide d’imprimantes 3D. Le résultat a été la réalisation des bancs USE, dont l’un a été installé dans le centre historique de Lucca.
Pour sa réalisation, on a utilisé du plastique provenant d’emballages recyclés en polyacrylate (type Tetrapak), un mélange de polyéthylène avec un petit pourcentage d’aluminium, produit dans une usine de notre province, mais unique en Europe. Ici, Tetrapck produit à la fois des objets en papier recyclé et les granulés que nous avons testés et utilisés dans nos imprimantes 3D grand format. Le projet USE est encore en phase de test, mais d’ici 2023, il deviendra un produit à part entière.
3DN : L’art est également au cœur de votre activité. Comment utilisez-vous l’impression 3D pour ce secteur ?
L’utilisation de l’impression 3D pour la production d’objets d’art est un marché en pleine croissance pour nous, que nous gérons en parallèle avec la recherche de matériaux durables. Pour ce secteur, nous utilisons des imprimantes grand format avec des plastiques recyclés pour des œuvres de grande taille, nous avons par exemple réalisé une sculpture de Fellini de 2,2 mètres de haut. Nous utilisons plutôt des imprimantes résine de moyen format pour les objets qui nécessitent une plus grande attention aux détails. Nous réalisons des pièces uniques ou des modèles pour la création de moules ou la coulée de bronze : de plus en plus d’artistes utilisent des outils numériques pour créer leurs œuvres, et ils ont besoin de professionnels pour matérialiser leur travail.
3DN : Quels sont les futurs projets de R3direct ?
Nous sommes engagés sur plusieurs fronts, mais le projet qui nous tient le plus à cœur est la création d’une école dédiée à la fabrication additive, dont la première édition a débuté l’été dernier. Le SMAC, School of Additive Manufacturing de Coreglia Antelminelli, un petit village de la province de Lucca, est l’idée d’une école saisonnière de spécialisation professionnelle, où théorie et pratique se rejoignent. Cette école s’inspire de l’ancienne école « Di Disegno e Plastica » (du dessin et du plastique) fondée en 1883 par Carlo Vanni et se veut une continuation contemporaine projetée pour divulguer de nouvelles technologies destinées à servir de moteur pour de nouvelles économies locales. Pour plus d’informations sur l’école, cliquez ICI.
3DN : Un dernier mot pour nos lecteurs ?
Ne renoncez pas à l’envie d’expérimenter l’impression 3D ! Notre monde n’a exprimé qu’une partie de son potentiel réel, et il est encore en pleine croissance.
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*Crédits de toutes les photos : R3direct