menu

Rencontre avec Julia Daviy, la styliste de l’impression 3D

Publié le 28 février 2019 par Mélanie W.
julia daviy

Quand il s’agit du secteur de la mode, les technologies 3D s’avèrent être un moyen de libérer la créativité des designers et stylistes, en apportant davantage de personnalisation pour l’utilisateur final. Mais c’est aussi une façon de réduire le nombre de déchets dans une industrie qui est assez nocive pour notre environnement. C’est une des raisons principales qui a poussé la styliste Julia Daviy à se tourner vers l’impression 3D : elle a imaginé une collection de vêtements imprimés en 3D, repoussant les codes des méthodes traditionnelles. Nous avons rencontré la styliste pour en savoir plus sur le processus de fabrication de cette collection et des avantages liés à la fabrication additive.

3DN : Pouvez-vous vous présenter ainsi que votre lien avec la fabrication additive ?

Je m’appelle Julia Daviy et je suis créatrice de vêtements imprimés en 3D et spécialiste des technologies propres. Il y a trois ans, je me suis plongée dans l’apprentissage des logiciels et du matériel d’impression 3D et j’ai suivi tous les cours possibles pour acquérir les connaissances et les compétences requises. Mon appartement était plein d’imprimantes 3D et de scanners 3D, de différents types de filaments et autres matériaux, et j’ai acheté tous les livres et magazines sur l’impression 3D que je pouvais trouver. Les vraies connaissances pratiques et les meilleures idées venaient d’expérimentations quotidiennes et de centaines d’erreurs.

julia daviy

La styliste Julia Daviy (crédits photo : Vita Zamchevska)

J’ai commencé à apprendre et à expérimenter avec l’impression 3D pour plusieurs raisons. Tout d’abord, je cherchais une méthode de production de vêtements durables et sans déchets. Une autre raison est que je pense que la fonction même du vêtement change – on n’est plus dans une béatification de notre apparence. Enfin, je déteste la logistique assez lourde qui existe dans l’industrie de la mode traditionnelle et l’implication actuelle de millions de femmes et d’enfants mal payés dans la production de vêtements. Tous ces facteurs m’ont obligée à rechercher une meilleure technologie pour la production de vêtements. Au cours de la dernière décennie, j’ai travaillé dans les technologies propres, et particulièrement dans l’industrie de l’énergie solaire. Cela m’a permis de relever de nombreux défis, je n’avais pas peur de recommencer avec les technologies 3D.

3DN : Pouvez-vous nous en dire plus sur votre première collection imprimée en 3D ?

J’ai imprimé 8 looks pour ma collection The Liberation sur des imprimantes 3D grand format. J’ai notamment créé une robe en combinant un motif imprimé en 3D sur une machine SLA et une doublure en organza de soie biologique. Un an avant de commencer à travailler sur ma collection, j’ai testé différentes approches pour créer des vêtements imprimés en 3D. J’ai relevé deux principaux défis : le premier consistait à rendre le vêtement imprimé en 3D le plus souple possible et le second à tirer parti des avantages de l’impression 3D, tels qu’une réduction des déchets et une minimisation du travail manuel.

julia daviy

Crédits photo : Vita Zamchevska

J’ai pu développer une méthode d’impression 3D sans perdre aucun vêtement et le résultat était suffisamment souple et flexible pour pouvoir être porté dans n’importe quel type de contexte. Je voulais vraiment que mes vêtements ressemblent à une collection de tous les jours, sans les rendre trop sophistiqués. C’est difficile car l’impression 3D offre des possibilités illimitées en termes de création, c’était tentant du coup de partir sur ce créneau là.

3DN : Quelles sont les différentes étapes pour créer un vêtement imprimé en 3D ?

En général, nous avons trois étapes principales. Le premier est la conception, les mesures et la modélisation 3D d’un vêtement dans un logiciel. Lors de la seconde étape, nous imprimons le ou les fichiers avec les motifs du vêtement sur des imprimantes 3D. Et nous effectuons l’assemblage final, le revêtement et d’autres travaux de finition à la troisième étape.

julia daviy

Crédits photo : Vita Zamchevska

3DN : Quelle technologie d’impression 3D utilisez-vous ? Quels matériaux ?

J’aime beaucoup la technologie SLS mais elle produit aujourd’hui beaucoup de déchets. Je me suis donc tournée vers l’impression 3D FDM. Nous avons pris l’une des meilleures imprimantes 3D grand format du marché et avons commencé à l’utiliser avec des filaments très flexibles, toujours en gardant à l’esprit mon approche à savoir des modèles prêts à l’impression 3D sans tissus. Au cours du processus, nous avons rencontré de nombreux défis et avons dû modifier les machines à chaque fois pour les résoudre. J’ai la chance d’avoir des connaissances en ingénierie qui ont beaucoup aidé. J’expérimente également la stéréolithographie mais c’est une technologie qui présente quelques limites.

Côté matériaux, j’utilise aujourd’hui du TPE 70A, il est très flexible. Quant au TPE, c’est un bon matériau aujourd’hui, il est recyclable à 100% et est beaucoup utilisé dans la production de vêtements traditionnels. J’utilise aussi de la résine flexible et du silicium.

julia daviy

Crédits photo : Vita Zamchevska

3DN : Quels sont les principaux avantages de l’impression 3D pour vous ?

Pour l’instant, je considère la fabrication additive comme le seul moyen possible de développer une industrie de la mode durable. L’impression 3D aide à plusieurs niveaux – de la numérisation simple et rapide, de l’idée au prototypage, en passant par un produit prêt à l’emploi. Moins de travail manuel et donc, potentiellement, moins d’erreurs causées par l’homme. On observe aussi davantage d’opportunités pour développer sa créativité et la possibilité de produire des vêtements avec zéro déchets. Pour moi, c’est vraiment l’avantage principal, je suis fière de pouvoir y contribuer.

3DN : Comment voyez-vous le futur de l’impression 3D dans l’industrie de la mode ?

Je ne peux pas imaginer un avenir positif pour la mode sans l’utilisation de l’impression 3D. Il s’agit d’une étape indispensable pour les réalisations futures, telles que la logistique numérique, la création de vêtements intelligents (vêtements qui protégeront, chaufferont ou refroidiront en cas de besoin) et bien plus encore.

julia daviy

Crédits photo : Vita Zamchevska

Nous devons innover, nous devons nous servir de cette technologie pour créer quelque chose de nouveau. Par conséquent, nous devons utiliser l’impression 3D pour de bon, comme un moyen durable pour produire vêtements et accessoires.

Malheureusement, la fourrure et le cuir sont encore largement utilisés dans l’industrie de la mode. Ce sont des matières premières qu’il faut absolument remplacer. Elles créent d’énormes souffrances pour des millions d’animaux, ainsi qu’une importante pollution de l’eau, des sols et de l’air et de graves maladies. De plus, ces matériaux tuent la créativité des stylistes.

3DN : Un dernier mot pour nos lecteurs ?

De nombreux designers aiment à dire que l’impression 3D est encore sous-développée pour l’industrie du vêtement. Toutefois, la technologie ne va pas se développer toute seule, c’est les gens qui vont le faire. Nous, concepteurs de vêtements imprimés en 3D, de nouveaux matériaux et de nouvelles imprimantes 3D, nous sommes en train de le réaliser. À chaque tentative, nous nous rapprochons de la production durable de vêtements imprimés en 3D, qui mettra fin à un processus insoutenable qui tue notre planète. Plus important encore, cette technologie étonnante aidera à libérer le créateur qui existe chez chaque consommateur.

julia daviy

Crédits photo : Vita Zamchevska

Vous pouvez retrouver l’ensemble de la collection imprimée en 3D de Julia Daviy sur son site officiel ICI.

Que pensez-vous des vêtements imprimés en 3D de Julia Daviy ? Partagez votre opinion dans les commentaires de l’article ou avec les membres du forum 3Dnatives.

Partagez vos impressions

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

de_DEen_USes_ESfr_FRit_IT
Toute la 3D chaque semaine
Recevez un condensé de l’actualité de l’impression 3D