Les visages de la fabrication additive : Gil Lavi
Après Avi Reichental et Hanan Gothait, on continue notre tour d’horizon des personnalités de la fabrication additive avec Gil Lavi. Ce pionnier de l’industrie a commencé sa carrière dans les années 2000 au sein du fabricant Objet (devenu Stratasys) avant de se lancer dans sa propre aventure entrepreneuriale. Comment Gil a-t-il vécu les évolutions rapides du marché ces dernières années ? Quelles sont les opportunités et les challenges encore existants sur le marché ? 3Dnatives est allé à sa rencontre pour en savoir plus.
3DN: Vous avez parcouru un long chemin dans l’industrie de la fabrication additive, pourriez-vous nous en dire un peu plus sur vos expériences précédentes ?
Je suis entré dans le secteur il y a 13 ans lorsque j’ai commencé chez Objet Geometries, une entreprise unique dans le paysage industriel. À cette époque, il n’y avait pas plus d’une douzaine de sociétés d’impression 3D dans l’industrie ; c’était une période où tout le monde était très confiant dans cette technologie futuriste. J’ai passé 10 ans dans la société, dont trois ans après la fusion avec Stratasys, où j’ai construit et géré les partenaires commerciaux de la société pour l’Europe, puis les comptes stratégiques de l’entreprise pour la région EMEA. En 2015, j’ai quitté la société, à la recherche de jeunes entreprises innovantes afin de les aider à élaborer leur stratégie de commercialisation et à déployer leurs réseaux mondiaux.
3DN : Qu’en est-il de votre travail actuel dans l’industrie de la fabrication additive ?
Au fil des années, j’ai rencontré de nombreux revendeurs d’imprimantes 3D qui recherchaient des solutions prometteuses à commercialiser mais dont les ressources étaient limitées pour identifier et choisir les bons produits. D’autre part, j’ai rencontré des dizaines de jeunes entreprises de l’impression 3D qui cherchaient à créer leur réseau de distribution mondial, mais manquaient d’expérience et de contacts avec des partenaires commerciaux.
Ainsi, lors du Formnext 2018, j’ai fondé 3D Alliances, une société de conseil qui vient combler ce manque. Nous formons des alliances commerciales avec les meilleures entreprises d’impression 3D de matériel et de logiciels pour les aider à déployer et à gérer leur réseau de distribution mondial. Aujourd’hui, notre portefeuille compte trois sociétés : XJET3D en Israël, dotée de l’incroyable technologie NanoParticle Jetting ™, métal et céramique; Essentium3D (Texas, États-Unis), développeur des plates-formes d’extrusion les plus rapides au monde, et ParaMatters (Californie, États-Unis) appartenant à XponentialWorks Innovation Lab, développeur de l’un des plus puissants logiciels d’optimisation topologique du secteur. Ce sont toutes des entreprises prometteuses et bien financées offrant des solutions uniques. Nous sommes impatients de signer de nouveaux accords d’alliances commerciales dans les mois à venir.
À ce jour, nous avons réussi à mettre en place un réseau de plus de 1 200 revendeurs actifs d’impression 3D dans 72 pays, ce qui en fait le plus important du secteur. Nous utilisons ce réseau pour trouver et recruter les bons partenaires commerciaux pour chaque entreprise avec laquelle nous travaillons.
En plus de cette activité, nous avons récemment lancé un nouveau service destiné aux revendeurs d’impression 3D à savoir des rapports sur les entreprises en démarrage, prometteuses pour le secteur. Ces rapports incluent des informations permettant aux revendeurs de rencontrer de nouvelles entreprises et d’évaluer leurs produits.
3DN: Comment le secteur a-t-il changé depuis vos premiers pas dans la fabrication additive ?
Il y a eu beaucoup de changements au cours des 13 dernières années, mais je pense que les plus importants sont les trois suivants: (1) le nombre d’entreprises d’impression 3D a considérablement augmenté en raison de l’expiration des brevets, des nouveaux investissements et de l’arrivée d’une nouvelle génération d’entrepreneurs – (2) La nouvelle vision du secteur repose sur l’idée de mettre en œuvre les technologies d’impression 3D pour la production plutôt que le prototypage – (3) Enfin, l’impression 3D est désormais reconnue comme une révolution dans la manière dont les choses vont être faites. C’est la raison pour laquelle de nombreuses industries développent des solutions novatrices pour imprimer en 3D des aliments, des pièces de carrosserie, des maisons, des circuits imprimés, des meubles, des articles de mode et bien plus encore. Dans les années à venir, je suis convaincu que nous verrons davantage de développements uniques.
3DN: Quelles actualités ou business du marché de la fabrication additive ont attiré votre attention ces derniers mois?
Ce qui a attiré mon attention n’est pas une société ou une technologie spécifique, mais bien la compréhension de ce qu’est la synergie entre la variété de solutions matérielles et logicielles industrielles et la raison pour laquelle il est important de les adapter au sein d’un futur écosystème. Je vois trois types de solutions complémentaires : tout d’abord, des logiciels tels que la conception générative, la sécurité des données, la gestion du flux de travail, etc. Ensuite, l’output c’est-à-dire les différents types de technologies d’impression 3D brisant les barrières de la vitesse, de la variété des matériaux et de la résistance. Le dernier est le post-traitement, qui deviendra de plus en plus essentiel à mesure que la vitesse d’impression augmentera et par conséquent la quantité de pièces imprimées, principalement des pièces destinées à une utilisation finale.
Du point de vue des grands utilisateurs industriels, ils chercheront à mettre en œuvre une solution complète de bout en bout qui inclut tous les éléments nécessaires du flux de travail, de la conception aux pièces finales, sans aucun goulot d’étranglement majeur dans le processus.
3DN: Quels sont, selon vous, les défis que posent l’adoption mondiale de la fabrication additive dans l’industrie ?
À l’heure actuelle, il semble que de nombreuses technologies d’impression 3D dans l’industrie soient en mesure de révolutionner la fabrication. Cependant, dans de nombreux cas, il existe encore des écarts entre ce que les technologies peuvent faire et leur mise en œuvre réelle dans un processus de fabrication standard complet.
Outre les écarts de performance qui incluent la vitesse, la résistance et la diversité des matériaux, je pense que l’automatisation sera l’un des principaux défis. Pour révolutionner réellement la fabrication, vous aurez besoin de solutions souples et automatiques avec une intervention minimale de la main d’oeuvre, dès la conception, en passant par l’impression et le post-traitement, lorsque le résultat final est une pièce finale. Même si vous pouvez trouver d’excellentes solutions dans l’industrie aujourd’hui, la plupart d’entre elles sont encore séparées les unes des autres. Les adapter à un seul écosystème sera la clé pour accroître l’adoption de la fabrication additive dans de nombreux secteurs.
Que pensez-vous de l’initiative de Gil Lavi ? Partagez votre avis dans les commentaires de l’article ou avec les membres du forum 3Dnatives.