Formnext 2024, vers un marché en pleine stagnation ?
Un Formnext de plus vient de fermer ses portes vendredi dernier à Messe Francfort. Pendant 4 jours, toute la communauté de la fabrication additive s’est retrouvée dans les quatre halls du salon, à la recherche des dernières innovations, tendances et applications. Bien évidemment, les équipes de 3Dnatives étaient présentes pour rassembler toutes ces informations et prendre la température du marché. Cette année, force est de constater que le métal était très présent sur les stands des exposants : entre pièces imprimées en 3D, machines, solutions de post-traitement, il ne fait aucun doute que la technologie trouve sa place chez de nombreux industriels. Nous avons également observé une place de plus en plus importante accordée aux solutions de qualification des pièces imprimées en 3D, un essor du procédé DED ainsi que la multiplication des systèmes de granulés. Dans l’ensemble, on pourra dire que le Formnext 2024 a été la vitrine de quelques lancements intéressants, mais qu’on reste sur notre faim : aurait-on atteint un certain plafond de verre qui traduirait une forme de stabilité ? Ou faut-il le voir comme un marché en pleine stagnation ? C’est en tout cas un ressenti qui a parcouru les allées du salon, comprenant de plus en plus d’exposants asiatiques. Il est temps de faire le bilan du Formnext 2024 !
Les organisateurs du salon avaient annoncé plus de 850 exposants et nous n’avons pas été déçus : selon un communiqué de presse, il y avait 864 offreurs de solutions, de tous pays. S’ils étaient plus nombreux que l’édition 2023, on ne pouvait passer à côté du fait que les stands étaient moins impressionnants que les années précédentes. Pas de stand à deux étages, davantage d’espaces partagés, plus de pavillons. En somme, certaines entreprises ont réduit le nombre de mètres carrés. Ce qui ne veut pas dire que d’autres n’en ont pas profité : alors que plusieurs exposants avaient un stand plus petit cette année, d’autres ont vu les choses en plus grand. On pense à Bambu Lab, BLT, Caracol ou encore Supernova. Globalement, nous étions moins dans la démonstration : le marché s’industrialise et a choisi son positionnement. Côté visiteurs, ils étaient 34 404 à fouler les allées du salon, soit 4,7 % de plus que l’an passé.
L’Asie gagne des parts de marché
Difficile de ne pas constater la part de plus en plus importante d’exposants asiatiques cette année. Certains d’ailleurs ont choisi des stands larges, leur permettant de montrer de nombreuses machines et applications. Pour vous donner un ordre d’idée, il y avait à peu près 150 exposants asiatiques dont 101 chinois, alors que les Etats-Unis n’en comptaient que 53. On peut donc se demander comment cela va se traduire en termes de concurrence en Europe et en Amérique du Nord, comment les fabricants historiques du marché comme EOS, 3D Systems ou Stratasys vont réagir face à des acteurs comme Farsoon ou BLT, ou encore si des entreprises comme Anycubic, Creality, Bambu Lab, Elegoo peuvent sérieusement inquiéter des marques telles que Raise3D, UltiMaker ou encore Prusa.
En échangeant avec certains visiteurs du salon, le discours était clair : « On a maintenant accès à des machines asiatiques qui sont moins chères et qui offrent le même niveau de qualité et de répétabilité, alors forcément on se pose la question d’investir ou non » nous confiait un industriel de l’automobile. Un fabricant allemand de machines industrielle ajoute : « On voit bien que le marché de la fabrication additive stagne, mais en même temps l’Asie grandit et commence à manger nos parts de marché. Les prochaines années vont être déterminantes, elles vont confirmer ou non cette tendance. Il faut rester attentifs. » 2025 sera donc une année intéressante pour le secteur de l’impression 3D et on verra si le Formnext 2025 confirme nos prédictions.
Le contrôle qualité des pièces imprimées en 3D
Une autre tendance observée cette année au Formnext est sans doute le nombre de solutions exposées pour contrôler la qualité des pièces imprimées en 3D et tester les propriétés des matériaux. Nous sommes vraiment dans une logique d’adoption de la fabrication additive et de mise à l’échelle : l’objectif est de produire des pièces d’utilisation finale, en série ou non. En fonction du secteur, elles doivent répondre à des exigences plus ou moins contraignantes. Il est donc capital de vérifier qu’elles sont adaptées et conformes aux attentes, ce qui passe par un contrôle de la qualité. En parcourant les allées du salon, on s’est rendu compte qu’un bon nombre d’exposants ont mis l’accent sur cette étape de la chaîne de valeur. On pense par exemple à GrindoSonic qui a développé une machine permettant de mesurer la résonance des vibrations des pièces imprimées en 3D : celles-ci sont alors converties pour analyser les propriétés mécaniques. Imprintec a également imaginé une solution de mesure optique 3D qui vient caractériser les propriétés mécaniques d’une pièce comme la résistance à la traction, la ductilité ou encore la courbe d’élasticité.
Richard Freemen, Principal Staff Engineer for Metallic Materials Manufacture & Heat Treatment au Performance Review Institute, nous expliquait : « C’est formidable d’être à Formnext parce que nous avons constaté un grand intérêt de la part des fournisseurs de solutions de fabrication additive pour en savoir plus sur la certification et le contrôle de la qualité dans le secteur de l’aérospatiale. C’est dans le domaine de la fabrication additive que nous constatons une demande croissante. »
En plus des machines qui permettent de tester des matériaux et de contrôler la qualité des pièces, beaucoup de solutions logicielles ont été présentées lors du salon. L’objectif reste le même : l’utilisateur a besoin d’outils fiables pour assurer une impression fiable, de qualité et répétable. Il pourra ainsi améliorer sa productivité. C’est bien là que tout se joue finalement. Ainsi, Siemens présentait sur son stand plusieurs outils pour intégrer la fabrication additive et l’utiliser plus simplement. L’entreprise parle d’une logique de « Click and Print » par exemple avec sa solution Partbox.
Machines et matériaux au Formnext 2024
Si on se penche maintenant sur les machines et les matériaux que nous avons vus lors de cette édition, il ne fait plus aucun doute que le métal est bien utilisé par de nombreux secteurs, en particulier l’aéronautique. Beaucoup d’exposants présentaient des solutions dédiées, avec des applications en guise de preuve. On a d’ailleurs consacré un article à ce sujet, tout comme une vidéo sur les solutions métalliques. Notons la présence de nouveaux acteurs comme le français ADDIMETAL qui exposait pour la première fois sa machine de liage de poudre, K2-2. Ouverte, elle offre un volume d’impression de 8 litres et se positionne entre les plus petites machines dédiées à la recherche et les solutions de production. Nous avons particulièrement apprécié le design modulable de la machine, avec sa mécanique apparente et sa tête d’impression couvrant une bonne partie du plateau en un passage.
On peut noter une croissance du DED, avec de nombreux bras robotisés capables de déposer des couches successives de matière. Des entreprises comme Caracol, VLM Robotics, AMFree ou encore MX3D présentaient leurs machines, certains pour la première fois. Si on reste sur les solutions robotisées, on se doit de mentionner les polymères qui ne sont pas en reste non plus. Dans le Hall 12.1 par exemple, une allée était consacrée aux solutions grand format, compatibles avec des granulés. Une tendance que l’on avait déjà observée l’année dernière et qui semble se confirmer.
Enfin, le post-traitement reste un sujet qui fâche : en échangeant avec des utilisateurs mais aussi des fabricants, c’est une étape qui constitue un défi majeur. Comment automatiser au maximum ces tâches sans dépenser des milliers d’euros ? Comment assurer une qualité constante ? Comment gagner du temps pour se consacrer à des tâches plus stratégiques ? Des problématiques que se posent les industriels et qu’ils n’arrivent pas forcément à résoudre. Lors du Formnext 2024, nous avons assisté à la présentation de certaines nouvelles initiatives comme AM Solutions et EOS qui ont dévoilé une solution de dépoudrage automatisée ainsi qu’un système de tamisage et de mélange de la poudre automatique. On pense aussi à Cold Jet, spécialiste du nettoyage par cryogénie, qui propose d’utiliser la glace carbonique pour faciliter le post-traitement, que ce soit pour dépoudrer une pièce, la sabler ou la nettoyer. C’est un procédé non abrasif qui n’abîme pas la pièce et qui ne produit pas de déchet.
Finalement, le Formnext 2024 aura été une nouvelle fois un rendez-vous incontournable pour toute la communauté de la fabrication additive. On reste toutefois sur notre faim, ayant connu des éditions où de nombreuses innovations disruptives avaient été annoncées. Il y a comme un parfum d’inachevé, très lié à la situation économique actuelle. Celle-ci pèse sur le marché qui, selon nous, stagne depuis quelques mois. Aurait-on finalement atteint une certaine forme de stabilité où l’impression 3D est un procédé de fabrication acquis ? On espère que la croissance va repartir et qu’on assistera à un véritable boom permettant à la technologie d’aller encore plus loin. Une chose est sûre, restez connectés pour suivre toute cette actualité ! Et pensez à noter les dates pour l’année prochaine : Formnext 2025 aura lieu du 18 au 21 novembre.
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*Crédits de toutes les photos : 3Dnatives