D’un échantillon ADN à votre portrait imprimé en 3D
Nous laissons derrière nous une quantité d’informations chaque jour, sans même nous en rendre compte, dans nos cheveux qui tombent, notre salive sur un chewing-gum ou encore un mégot de cigarette. Des informations contenues dans notre ADN qui permettent d’en découvrir beaucoup à notre sujet, notamment à quoi nous ressemblons.
C’est à cela que s’est intéressée Heather Dewey-Hagborg, une artiste et biohacker américaine de 33 ans avec son projet nommé Stranger Visions.
Un jour, dans la salle d’attente chez son psychologue, elle remarque une peinture assez banale et vieillissante sur le mur, et une fissure dans le verre protégeant la toile. Au milieu de cette fissure, un cheveu s’est logé. Elle se surprend à se demander à qui ce cheveu peut bien appartenir, à quoi cette personne ressemble, à ce qu’elle fait dans la vie.
De là naît le projet Stranger Visions. Elle se demande si après avoir réussi à extraire l’ADN d’un cheveu, elle pourrait reconstituer une sorte de portrait de son propriétaire. Sa première pensée fut de réaliser un portrait en deux dimensions, avant de décider de réaliser une sculpture physique en impression 3D.
Grâce à différents outils allant du séquenceur ADN à l’impression 3D, l’artiste a pu réaliser un portrait ressemblant imprimé en 3D à partir d’un simple échantillon ADN provenant d’un cheveu abandonné, de salive sur un chewing-gum ou mégot de cigarette.
Pour exploiter cet échantillon, Heather s’est rendue à GenSpace, un biolab « ouvert » dans le centre-ville de Brooklyn. Elle a ainsi pu collaborer avec des biologistes et donner vie à son projet. De nombreux outils et opérations sont sollicités pour rechercher les informations contenues dans le génome : sexe, peau, cheveux, yeux, etc.
Après avoir amplifié l’information génétique contenue dans le noyau des cellules du cheveu grâce à une PCR (Polymerase Chain Reaction), machine dont dispose la plupart des laboratoires de génétique, Heather envoie cette information à un laboratoire spécialisé dans le séquençage d’ADN.
L’artiste se sert ensuite d’un logiciel pour traduire ces données en une modélisation 3D approximative du visage de la personne concernée.
En ce qui concerne l’impression 3D, elle a fait appel à NYU Advanced Media Studio pour réaliser l’opération avec une technologie de frittage de poudre. Pour chaque portrait, le procédé dure près de 9 heures pour atteindre un résultat de qualité en couleurs.
« Nous ne sommes pas encore capables de connaître le visage précis d’une personne à partir d’un simple échantillon d’ADN. Mais nous pouvons déjà en avoir une bonne idée. Et si nous restons incertains aujourd’hui, nous pourrons peut-être en être certains demain. Et c’est ce débat sur la surveillance génétique qui m’intéresse. »
Le travail d’Heather couplé à l’impression 3D permet de créer un moyen très accessible pour le public d’éveiller et d’impliquer le public dans ces nouvelles technologies. Il met en lumière l’idée forte qu’un de vos cheveux peut tomber dans la rue, et qu’un étranger peut apprendre de nombreuses choses sur vous.
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