Copper3D veut inactiver le VIH pendant l’allaitement grâce à l’impression 3D
Le fabricant chilien Copper3D vient de présenter un tout nouveau dispositif pour lutter contre la transmission du VIH lors de l’allaitement : un embout de tire-lait imprimé en 3D, conçu à partir de son matériau antibactérien. La jeune startup est en effet à l’origine d’un filament qui ajoute des propriétés antimicrobiennes à différents polymères comme le PLA et le TPU, grâce à des nanoparticules de cuivre. Ce petit embout pourrait avoir de lourdes conséquences positives dans le monde entier, surtout quand on sait que plus de 430 000 enfants étaient touchés par le sida en 2017, entraînant 130 000 décès.
La fabrication additive peut parfois être un remède dans le domaine médical : on commence à voir la technologie se déployer dans les hôpitaux pour résoudre les défis liés aux greffes, des chirurgiens se former de façon efficace sur des modèles anatomiques imprimés en 3D ou encore des solutions imaginées pour lutter contre des épidémies et maladies très graves. C’est dans ce but là que Copper3D a été créée : les trois fondateurs se sont d’abord concentrés sur les personnes amputées. Ils ont réalisé que 40% de ceux qui portaient une prothèse souffraient de troubles dermiques à cause des bactéries contenues dans le dispositif médical. C’est pour cela qu’ils ont imaginé un matériau antibactérien, un polymère contenant des nanoparticules de cuivre capables d’éliminer virus, bactéries et champignons et sans danger pour l’homme si bien dosées. Après avoir obtenu leur brevet, les fondateurs s’attaquent à l’un des virus les plus répandus du monde, le VIH.
Aujourd’hui, 90% des enfants touchés par le sida dans le monde habitent en Afrique et la plupart en meurent dès leur plus jeune âge car ils n’ont pas accès aux soins que les autres pourraient avoir dans le reste du monde. Or, ces enfants sont généralement touchés dès leur naissance à cause de l’allaitement. L’ONUSIDA estime qu’il y a eu 26 000 enfants, entre 0 et 14 ans, atteints du sida en 2018 à cause de l’arrêt du traitement et de l’allaitement. Face à ce défi mondial, la startup Copper3D a donc imaginé un embout imprimé en 3D pour tire-lait, un dispositif conçu avec son matériau antibactérien.
Le docteur Claudio Soto, le directeur médical de Copper 3D, explique : “L’idée initiale est basée sur quelques études disponibles qui établissent que les additifs et filtres à base de cuivre peuvent inactiver le virus VIH dans une solution de lait maternel. Ils viennent agir spécifiquement contre la protéase (essentielle pour la réplication virale) où les ions de cuivre dégradent de manière non spécifique la membrane plasmatique phospholipidique du virus et dénaturent ses acides nucléiques. Néanmoins, plusieurs questions telles que les niveaux de toxicité, la dégradation nutritionnelle du lait, le temps d’inactivation du virus, ou la taille/forme optimale de ces filtres restent sans réponse.” Avec ces informations en main, l’entreprise s’est lancée sur deux axes de recherche : le premier consistait à tester l’efficacité de l’inactivation virale du matériau Copper3D PLACTIVE avec des échantillons de lait maternel infecté par le VIH. Le deuxième concernait la conception d’un objet qui agisse comme une interface mère-enfant et optimise l’inactivation virale du VIH dans le lait maternel contaminé.
Afin de tester ces deux axes, Copper3D a imprimé en 3D plusieurs boîtes à partir de son matériau à base de cuivre : en exposant seulement les échantillons de lait contaminés à ces boîtes, les chercheurs ont observé une réduction de réplication virale allant jusqu’à 58,6 % en seulement 15 secondes. Cela a conforté l’équipe dans sa décision de concevoir ce fameux embout, en attente de brevet : en augmentant la surface de contact, le taux d’inactivation devrait être beaucoup plus élevé et se faire encore plus rapidement. Dr Claudio Soto conclut : « Ces nouvelles connaissances permettront le développement d’une toute nouvelle gamme de dispositifs médicaux actifs et d’applications, dotés de capacités incroyables d’interaction avec l’environnement, d’élimination des bactéries et virus dangereux et de protection des patients et des utilisateurs dans le monde entier. Cette deuxième et dernière phase de l’étude s’achèvera au deuxième trimestre 2020. »
On espère que cette deuxième phase sera concluante et pourra permettre de réduire le nombre de personnes touchées par le sida dans le monde, plus particulièrement dans des pays défavorisés. En attendant, vous pouvez retrouver davantage d’informations sur Copper3D sur son site internet.
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