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Bambu Lab au cœur d’une controverse : une mise à jour qui divise la communauté des utilisateurs

Publié le 22 janvier 2025 par Elliot S.
Bambu Lab P1S

Depuis son lancement, Bambu Lab s’est rapidement imposée sur le marché de l’impression 3D, notamment grâce à des imprimantes telles que la P1S, réputées pour leur vitesse, leur fiabilité et leur simplicité d’utilisation. Cependant, des changements récents dans le firmware de ces appareils ont suscité une vive réaction de la communauté des utilisateurs.

La semaine dernière, Bambu Lab a annoncé une mise à jour de son firmware. Cette annonce, loin de faire l’unanimité, a déclenché un vif débat au sein de la communauté de l’impression 3D. Alors que le fabricant met en avant des mesures de sécurité renforcées, de nombreux utilisateurs perçoivent ces changements comme une atteinte aux principes d’ouverture qui caractérisent l’écosystème de l’impression 3D depuis ses débuts.

mise à jour du firmware bambu Lab

Bambu Lab a notifié les utilisateurs de la mise à jour via un article de blog. (Crédit photo : Bambu Lab)

Des restrictions qui divisent

À l’issue de la mise à jour du firmware introduite par Bambu Lab, les utilisateurs doivent désormais utiliser une application cloud pour configurer leurs appareils. Cette dépendance au cloud a été critiquée comme allant à l’encontre de la philosophie de contrôle total sur les outils, chère à la communauté des makers.

De plus, la mise à jour a introduit des restrictions sur l’accès local aux imprimantes. Bien qu’une fonctionnalité « mode développeur » ait été ajoutée en réponse aux critiques de la communauté, elle nécessite toujours l’utilisation de l’application cloud pour initialiser l’imprimante.

Une mise à jour au nom de la sécurité

Selon Bambu Lab, les nouvelles mesures introduites par le firmware ont été conçues pour répondre à des problèmes de sécurité critiques. L’entreprise affirme avoir enregistré jusqu’à 30 millions de requêtes non autorisées par jour sur ses serveurs, accompagnées de cyberattaques ciblées, notamment des attaques par déni de service (DDoS). Pour contrer ces menaces, le firmware intègre des mécanismes d’autorisation et d’authentification pour plusieurs fonctions essentielles des imprimantes, comme :

  • La liaison et la dissociation des imprimantes avec des comptes utilisateurs ;
  • L’accès à la vidéo en direct pour le suivi des impressions à distance ;
  • Les mises à jour du firmware ;
  • Le lancement de travaux d’impression via le mode cloud ou LAN ;
  • Le contrôle des paramètres critiques, tels que les températures, les calibrations et les mouvements des imprimantes.
Graphique d'explication du fonctionnement

Bambu Lab explique le nouveau flux de travail suite à la mise à jour avec un graphique. (Crédit photo : Bambu Lab)

Ces améliorations incluent également des protocoles de chiffrement de bout en bout et la signature du code pour garantir l’intégrité des mises à jour. Cependant, ces justifications ne suffisent pas à apaiser une communauté historiquement attachée à l’autonomie et à l’open source.

La communauté réagit : innovation contre restrictions

La mise à jour a immédiatement suscité des critiques dans les forums, groupes en ligne et réseaux sociaux liés à l’impression 3D et au fabricant en particulier. Les principales préoccupations des utilisateurs se regroupent autour de quatre axes :

1. Un éloignement des principes open-source

Depuis le projet Reprap entre autres, l’impression 3D a prospéré grâce à une philosophie d’ouverture et de partage. Les fabricants, les développeurs de logiciels et les utilisateurs se sont appuyés sur des écosystèmes ouverts pour innover. En introduisant des mécanismes d’autorisation et en restreignant l’utilisation de certains protocoles, Bambu Lab semble s’éloigner de ces principes, ce qui est perçu comme allant à l’encontre de certaines valeurs du marché.

2. Compatibilité limitée avec les logiciels tiers

Les nouvelles mesures de sécurité incluent des restrictions sur les opérations exécutées via des logiciels tiers. Cela inquiète certains utilisateurs qui préfèrent utiliser des slicers alternatifs ou des solutions de contrôle spécifiques, comme Orca Slicer ou Panda Touch. Si Bambu Lab affirme qu’il travaille avec des développeurs tiers pour assurer une compatibilité continue, ces déclarations n’ont pas suffi à apaiser les tensions.

3. Préoccupations en matière de confidentialité et de contrôle à distance

Certains utilisateurs craignent que les nouvelles fonctions introduisent des risques en matière de collecte de données personnelles. L’idée qu’une imprimante pourrait potentiellement être contrôlée à distance par l’entreprise, même sous le prétexte d’une mise à jour de sécurité, alimente la méfiance.

4. Vers un écosystème fermé ?

L’inquiétude d’un verrouillage technologique, ou vendor lock-in, est récurrente. Avec cette mise à jour, Bambu Lab est accusé de favoriser l’utilisation exclusive de ses produits et services, limitant ainsi l’interopérabilité avec d’autres matériels.

L'interface de Bambu Lab connect

Bambu Lab connect permet de lancer ses impressions et gérer sa ferme d’imprimantes 3D. (Crédit photo : Bambu Lab)

Une réponse qui peine à convaincre

Face à la vague de critiques, Bambu Lab a tenté d’apaiser les tensions en introduisant des ajustements en annonçant des changements :

  • Un mode développeur : Pour répondre aux utilisateurs souhaitant préserver l’ouverture de leur système, l’entreprise a annoncé un « mode développeur ». Ce mode permettra l’utilisation de protocoles réseau plus anciens (MQTT par exemple), facilitant ainsi l’intégration avec des outils tiers.
  • Précisions sur le mode LAN : Bambu Lab a rappelé que le mode LAN, qui ne nécessite ni connexion Internet ni compte utilisateur, reste disponible pour ceux qui souhaitent éviter le cloud.
  • Démentis concernant les rumeurs : L’entreprise a fermement nié les accusations de désactivation à distance des imprimantes. Elle a également rejeté les allégations selon lesquelles elle limiterait l’utilisation de filaments tiers.

Malgré ces efforts et la popularité des imprimantes Bambu Lab, certains utilisateurs restent sceptiques. Ils pointent notamment une clause dans les termes d’utilisation de Bambu Lab, selon laquelle une imprimante pourrait bloquer de nouvelles impressions jusqu’à ce que le firmware soit mis à jour la rendant donc inutilisable sans mise à jour. Cette ambiguïté continue de nourrir les inquiétudes.

Cette controverse pourrait encourager les utilisateurs à se tourner vers des alternatives comme Creality, Anycubic ou Elegoo, qui propose des imprimantes à bas prix, ou Prusa, connue pour son engagement envers l’open source.

La page Reddit de Bambu Lab

Les utilisateurs expriment leur mécontentement sur la page Reddit de Bambu Lab.

Un tournant pour l’industrie de l’impression 3D ?

Ce conflit met en lumière une tension croissante dans l’industrie de l’impression 3D : la recherche d’un équilibre entre innovation, contrôle de l’entreprise et liberté des utilisateurs. Alors que les imprimantes 3D deviennent de plus en plus connectées et sophistiquées, les risques de cyberattaques augmentent. Mais les solutions proposées par les fabricants doivent-elles nécessairement passer par une restriction de la liberté des utilisateurs ?

Cette situation rappelle une autre controverse marquante : celle de MakerBot, qui, après avoir été un pionnier de l’impression 3D open-source, avait choisi de fermer son écosystème en 2012. Ce revirement stratégique avait suscité une forte indignation au sein de la communauté et contribué à un recul de la confiance envers la marque. Si cette décision visait à mieux protéger sa propriété intellectuelle et à garantir une expérience utilisateur maîtrisée, elle a aussi marqué un tournant dans la perception de MakerBot, longtemps célébré pour son rôle dans le mouvement open-source.

Dans un secteur où l’innovation repose souvent sur une collaboration ouverte, les décisions de Bambu Lab pourraient bien servir de leçon, ou de mise en garde, pour les autres fabricants. L’avenir dira si ces choix stratégiques permettront à Bambu Lab de renforcer la sécurité sans aliéner sa communauté, ou s’ils marqueront le début d’une perte de confiance durable envers la marque.

Écran de contrôle de la P1S

Le mode développeur de Bambu Lab devrait permettre de conserver les fonctionnalités précédemment disponibles et de limiter la dépendance au cloud.

Pour l’heure, la communauté attend des gestes concrets de la part de Bambu Lab pour restaurer la confiance. Sans cela, l’entreprise pourrait perdre sa place de choix dans un marché hautement compétitif.

Que pensez-vous de cette nouvelle mise à jour du firmware des imprimantes Bambu Lab ? N’hésitez pas à partager votre avis dans les commentaires de l’article. Retrouvez toutes nos vidéos sur notre chaîne YouTube ou suivez-nous sur Facebook ou LinkedIn !

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