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Les hôpitaux français qui misent sur l’impression 3D

Publié le 25 mars 2024 par Mélanie W.
CHU impression 3D

La fabrication additive est devenue un outil de travail pour beaucoup de professionnels de santé, quelle que soit la spécialité médicale. Elle offre des avantages indéniables aux praticiens, aux laboratoires, ou encore aux fabricants d’outils et de dispositifs médicaux. On pense notamment à la personnalisation des pièces, à des réductions de temps et de coûts, à la création de nouveaux supports de formation types guides de coupe et modèles anatomiques. C’est dans ce contexte que de plus en plus de centres hospitaliers français se penchent sur les technologies 3D et décident de sauter le pas en créant des plateformes dédiées. Si certains CHU sont plus avancés que d’autres, force est de constater que l’usage se démocratise ! Il existe même un réseau, initié par l’AP-HP en janvier 2023, qui a été créé afin de rassembler les professionnels de santé et d’échanger autour des bonnes pratiques. Il réunit aujourd’hui 19 CHU et est porté par un bureau composé des CHU de Brest, du CHU de Caen, du CHU de Lille, des HCL et de l’AP-HP.

Mais qui sont ces CHU français ? Nous les avons regroupés sur la cartographie ci-dessous – elle est d’ailleurs amenée à évoluer, au fur et à mesure que les initiatives se développeront. Premier constat : la fabrication additive est bien représentée dans nos hôpitaux français ! Comme expliqué précédemment, cette représentation n’est pas la même partout : par exemple, au CHU de Brest, la plateforme W.PRINT est bien installée, avec des projets réalisés chaque jour pour aider les praticiens de l’hôpital. Plusieurs imprimantes 3D tournent et une véritable logique de production s’est mise en place. Il en est de même à l’AP-HP, aux HCL ou encore au CHU de Besançon. Mais revenons sur ces différents CHU français et leur utilisation de la fabrication additive.

Des plateformes d’impression bien établies

Dans certains CHU français, on retrouve des plateformes d’impression 3D qui permettent à tout l’écosystème hospitalier de profiter des avantages de la fabrication additive. Au CHU de Lille par exemple, le Dr Romain Nicot, chirurgien maxillo-facial, est le responsable d’un centre d’impression 3D. Si on descend un peu plus bas en France, à l’ouest, il est difficile de passer à côté du CHU de Brest et de la plateforme W.PRINT. Elle est coordonnée par Samuel Guigo et compte désormais une dizaine de machines, basées sur différents procédés (FDM, SLA, PolyJet) pour élargir les applications possibles. Manipulateur radio, Samuel Guigo utilisait l’impression 3D dans son travail avec une machine installée dans son bureau avant de démocratiser l’usage des technologies 3D à l’ensemble des services. Il ajoute : « On s’est rendu compte qu’il y avait une vraie activité d’impression 3D qui pouvait être pérennisée dans un hôpital sur des aspects pédagogiques avec des préparations chirurgicales, mais aussi par la conception de pièces qui n’existent pas. » L’un des derniers projets de la plateforme a consisté à imprimer en 3D un prototype de formation à la ponction fémorale sous échographie.

En allant vers l’est, nous sommes obligés de nous arrêter par la capitale, à l’AP-HP où la plateforme PRIM3D a « pour objectif de concrétiser les idées des hospitaliers pour accélérer l’innovation et répondre aux besoins des patients pour lesquels aucune réponse n’est proposée par les industriels. » L’idée est de faire bénéficier aux hospitaliers des 38 hôpitaux de l’AP-HP, d’un service disposant des technologies d’impression 3D adéquates et de l’expertise d’ingénierie associée. Cette nouvelle plateforme est actuellement dirigée mené par le Dr. Delphine Prieur (directrice opérationnelle) et le Pr. Khonsari (directeur médical) et est amenée à évoluer en fonction des besoins

Plus à l’est, la plateforme I3DM du CHU de Besançon est quant à elle équipée d’imprimantes 3D FDM et SLA afin de concevoir des modèles anatomiques mais aussi des prototypes de dispositifs médicaux. On peut lire sur le site de l’hôpital : « [L’impression 3D] concerne principalement la chirurgie cancérologique pédiatrique, la chirurgie malformative pédiatrique, la chirurgie orthopédique et traumatologique, la chirurgie maxillo-faciale et stomatologique, la neurochirurgie. Elle tend à s’ouvrir progressivement à toutes les disciplines médicales de l’établissement. »

Le CHU de Besançon s’est équipé de plusieurs machines d’impression 3D (crédits photo : ER /Franck LALLEMAND)

Enfin, si l’on descend du côté de la région lyonnaise, les Hospices Civils de Lyon (HCL), en collaboration avec l’INSA Lyon ont mis en place la plateforme CO’LAB 3D en 2020. Cette plateforme, coordonnée par Peggy Leplat, adjointe à la Direction de l’innovation des HCL, a la particularité d’être portée par un collectif de professionnels de santé (médecins, ingénieurs, manipulateurs radio, techniciens biomédicaux et administratifs) et dispose d’un service dingénierie dédié. Certifiée ISO 13485 depuis 2022, elle produit pour l’interne des dispositifs médicaux de classe I, des produits développés sur mesure, des pièces détachées non critiques et des aides techniques / support de rééducation thérapeutique qu’elle conçoit en collaboration avec les soignants et les patients. Elle propose également des prestations pour d’autres établissements de santé (produits sur mesure et formations en impression 3D).

Des CHU qui s’appuient sur l’impression 3D

Au-delà de ces quelques plateformes déjà bien organisées et établies, la France peut compter sur de nombreuses initiatives dans plusieurs autres centres hospitaliers. Au CHU de Bordeaux par exemple, toute une réflexion a été menée autour du service d’urologie et transplantation rénale : le projet Rein-3D a permis de modéliser des reins atteints d’une tumeur pour mieux comprendre l’anatomie de l’organe, rassurer le patient mais aussi aider les chirurgiens dans leurs opérations. Le professeur Jean-Christophe Bernhard, responsable de l’activité de chirurgie robotique du service d’Urologie et du CHU de Bordeaux, ajoute : « Le débit de l’artère rénale est d’un litre par minute, tandis qu’un adulte dispose de cinq litres de sang dans son organisme. Donc pour opérer il faut interrompre la circulation par le clampage, l’impression 3D nous permet d’augmenter cette précision avec un clampage suprasélectif, et de préserver au maximum le rein. Ce qui est d’autant plus important dans le cas de patient qui ont parfois déjà un seul rein. »

A Nîmes cette fois-ci, l’hôpital universitaire Carémeau s’est équipé d’une imprimante 3D pour un usage un peu différent à savoir la conception de médicaments sur-mesure. Le Dr Ian Soulairol, responsable de l’unité Préparation, Contrôle, Essais Cliniques, explique : « Cette technologie associe les avantages des formes solides et liquides, c’est-à-dire à la fois la possibilité de produire des unidoses et de faire varier les dosages, sans les inconvénients associés aux formes liquides – instabilité physicochimique et microbiologique, utilisation de conservateurs, risques d’erreurs accrus, etc. Les imprimés apportent donc une nouvelle sécurité et une nouvelle flexibilité, très utiles en contexte pédiatrique. »

Enfin, on peut mentionner l’AP-HM qui s’est doté d’une bio-imprimante 3D développée par le français Poietis. Installée à l’Hôpital de la Conception à Marseille, l’objectif est de produire des tissus humains et de démarrer des essais cliniques. Le Dr Maxime Abellan-Lopez, Chirurgien plastique à l’AP-HM, affirme : « La Bio-impression nous permet d’obtenir une grande quantité de peau grâce à un simple échantillon prélevé très facilement chez le patient. C’est l’innovation thérapeutique que l’on attendait pour pouvoir reconstruire, avec le minimum de séquelles, les patients nécessitant une greffe, comme les grands brûlés ou les victimes de traumatismes graves.« 

Le laboratoire de thérapie cellulaire de l’Assistance publique-Hôpitaux de Marseille (crédits photo : AP-HM)

Comme vous pouvez le constater, les applications de l’impression 3D sont très variées pour ces CHU français et encore une fois, notre cartographie est amenée à évoluer en fonction des projets développés. Ce qui est sûr c’est qu’il existe un réel intérêt pour nos centres hospitaliers et que nous ne sommes qu’aux débuts de l’utilisation quotidienne de l’impression 3D à l’hôpital. Il reste encore de nombreuses barrières techniques et règlementaires à lever, mais aussi organisationnelles et structurelles. Dans tous les cas, vous pouvez suivre toute l’actualité de la fabrication additive dans le secteur médical et dentaire en vous inscrivant à notre newsletter mensuelle dédiée ICI.

Que pensez-vous de l’intégration de l’impression 3D par les CHU en France ? Partagez votre avis dans les commentaires de l’article. Retrouvez toutes nos vidéos sur notre chaîne YouTube ou suivez-nous sur Facebook ou Twitter !

*Crédits photo de couverture : Formlabs

Un commentaire

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  1. RIOS dit :

    Bonjour, vous avez oublié le CHU de Nice. Il fait pourtant partie du réseau.

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