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Bold Design et l’utilisation de la fabrication additive dans le domaine de la création

Publié le 17 mars 2023 par Mélanie W.
bold design

Aujourd’hui, les progrès de l’impression 3D ont permis sa mise en œuvre dans une grande variété de projets et de secteurs. Cela est dû en grande partie à sa flexibilité, à la liberté de conception, à la rapidité de fabrication et à la réduction des coûts, entre autres. En Europe, on voit de plus en plus de petites et moyennes entreprises adopter cette technologie comme méthode de production, soit par l’achat d’une machine, soit par le biais d’un service d’impression 3D. En France, le studio Bold Design a vu le jour avec pour objectif de démocratiser l’impression 3D dans tous les domaines de la création. Cela va de l’artisanat à la décoration d’intérieur en passant par d’autres secteurs du design. Pour en savoir plus sur les activités de l’entreprise, nous nous sommes entretenus avec ses fondateurs.

3DN : Pouvez-vous vous présenter ainsi que votre lien avec l’impression 3D ?

Bonjour, William Boujon et Julien Benayoun, designers et co-fondateurs de Bold Design. Nous concevons des objets, du mobilier, des espaces et une variété de produits pour différentes entreprises. Notre relation avec l’impression 3D s’est développée au fil des années. Nous sommes un laboratoire de recherche et nous nous interrogeons constamment sur les possibilités et les limites de ces technologies. De plus en plus d’entreprises nous contactent pour créer des pièces et des collections imprimées en 3D qui apportent un côté plus sensible à leurs produits. Nous organisons également de nombreux ateliers sur l’impression 3D et le design ou donnons des conférences sur le sujet.

William Boujon et Julien Benayoun de Bold Design (crédits photo : Maia Art / Kataba)

3DN : Comment est née l’idée de fonder Bold Design ?

En 2014, nous avons demandé à l’entreprise française DOOD d’imprimer pour nous de nombreuses maquettes dans le cadre de la conception d’un petit objet portable pour une collaboration avec le MIT Media Lab. L’année suivante, nous avons conçu une imprimante 3D FDM pour DOOD. L’idée était de sortir leurs imprimantes du monde des makers et d’en faire un produit avec une identité qui conviendrait aux écoles, à l’architecture, aux agences de design et autres. Nous avons installé le premier prototype dans l’agence et avons commencé à nous demander s’il était possible d’imprimer une certaine forme dans certaines conditions avec cet outil. Nous avons rapidement construit ce que nous avons appelé notre « livre d’idées 3D ». Une idée et une expérience en ont entraîné des dizaines d’autres. Nous n’avons jamais été formés à l’impression 3D et la plupart de nos connaissances proviennent d’heures de pratique de l’impression.

L’une de nos premières questions a été de savoir s’il était possible d’imprimer des poils directement sur la machine. Nous avons réfléchi à des stratégies de modélisation et effectué de nombreux tests. Nous avons publié ces expériences sur les réseaux sociaux et la galerie AYBAR de Miami s’en est aperçue et a commandé une collection de trois vases appelés « POILU », fabriqués avec du PLA chargé en fibres naturelles telles que le bambou, la noix de coco ou le bois. Ce projet a été largement diffusé sur le web et dans diverses publications imprimées, ce qui nous a permis d’attirer l’attention d’un public plus large sur les thèmes du design et de l’impression 3D. Nous avons ensuite rapidement collaboré avec le Habitat Design Lab et d’autres créateurs.

3DN : Quelles technologies et quels matériaux d’impression 3D utilisez-vous chez Bold Design ?

Nous travaillons avec différents flux de travail, technologies et matériaux en fonction du client et du projet. Pour nos projets d’impression 3D FDM, nous travaillons sur le concept, les croquis 2D et la modélisation 3D avec Rhinoceros ou Fusion 360, qui peut être très utile grâce à sa fonction « historique ». Nous concevons les formes et la configuration des fichiers se fait dans Cura ou SuperSlicer. Nous imprimons ensuite nous-mêmes les premiers modèles. Lorsque cette phase est avancée, nous travaillons main dans la main avec un de nos partenaires pour le prototypage et la production en série. Pour certains types de projets, comme les masques d’atelier commandés par le Centre Pompidou, nous travaillons avec la société française Cosmyx 3D. Pour d’autres, comme Quincaillerie Moderne, avec qui nous développons plusieurs collections de luminaires, nous travaillons avec la société Batch.works, basée à Londres et à Amsterdam. Nous travaillons avec eux pour développer les produits jusqu’à ce qu’ils soient esthétiquement et techniquement parfaits.

Crédits photo : domestika

Nous sommes également contactés par des entreprises comme Lynxter, pour nous présenter leur expérience dans le développement d’imprimantes 3D et l’utilisation de matériaux très intéressants comme les silicones ou les céramiques. Dans ce cas, nous avons étudié leurs technologies, expérimenté leurs procédés dans leurs ateliers, puis imaginé un cahier d’idées. Les fichiers sont élaborés de manière traditionnelle dans Rhinoceros 3D ou dans le plugin Grasshoper pour déterminer des parcours d’outils précis. L’idée est, à travers cette collaboration, d’illustrer l’essence de nos savoir-faire respectifs et de mettre en valeur nos expériences. Dans le même ordre d’idée, nous avons initié une collaboration avec la Pâtisserie Numérique pour imaginer de nouveaux concepts de pâtisseries imprimées en 3D avec leur procédé unique. Ils impriment une pâte liquide contenue dans une seringue en une poudre alimentaire comestible dont ils détiennent le secret.

Nous avons récemment conçu un démonstrateur imprimé en métal en utilisant les techniques de fusion laser ou de liage de poudre avec le laboratoire Armines, l’Institut Carnot M.I.N.E.S et le CNRS. Nous avons ici échangé avec le laboratoire pour comprendre les avantages et les limites de ces technologies, comme nous le faisons avec tous les outils avec lesquels nous travaillons. L’objectif n’était pas d’imaginer un produit fonctionnel fabriqué en série, mais une œuvre exceptionnelle avec un fort impact visuel et de nombreux détails pour illustrer les multiples possibilités du matériau. Nous avons imaginé un scénario et dessiné différents éléments dans leur ensemble. Nous avons ensuite envoyé nos fichiers 3D au laboratoire, qui a adapté et optimisé les objets pour qu’ils puissent être imprimés. Nous avons beaucoup sollicité le laboratoire en concevant des formes aux détails parfois complexes et subtils.

Exposition d’objets imprimés en 3D par Emmanuelle Roule, Bold Design et 8 Fablab (crédits photo : Emmanuelle Roule)

3DN : Quels sont les avantages de l’impression 3D par rapport aux méthodes traditionnelles ?

Nous essayons toujours d’utiliser la bonne méthode pour chaque projet. L’utilisation de l’impression 3D présente de nombreux avantages. En employant les mêmes outils de conception paramétrique et 3D, nous pouvons développer des projets de différentes échelles, typologies et matériaux. Nous tirons pleinement parti des possibilités offertes par ces technologies en termes de personnalisation et de créativité, une nouvelle esthétique émergeant des objets. Il est relativement facile de façonner de nouveaux matériaux à partir du recyclage ou de la réutilisation de restes de production.

Lorsque nous créons des produits pour la production de masse, l’impression 3D nous permet de fabriquer des objets au plus près des utilisateurs finaux. On limite les stockages en produisant en petites séries, à la demande, sans nécessairement augmenter les coûts, contrairement aux procédés de moulage par injection qui nécessitent un outillage coûteux et complexe. La maîtrise du design pour l’impression 3D nous permet de gérer à la fois l’aspect esthétique et les éléments très techniques au sein d’une même pièce, en limitant l’intervention humaine, ce qui permet d’obtenir des objets précis, de grande qualité et à des prix très raisonnables.

3DN : Un dernier mot pour nos lecteurs ?

Nous croyons fermement au potentiel des technologies de fabrication additive. En fait, elles sont déjà présentes partout, des solutions médicales avancées à l’échelle nanométrique à la construction à grande échelle, en passant par le béton et bien d’autres solutions entre les deux.

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Bold Design explore également les possibilité de l’impression 3D à partir de Leatherstone ©, un matériau à base de chutes de cuir issues de rebuts de production (crédits photo : Marc Dimitrov)

Pour la fabrication d’objets, de meubles et de bâtiments, certaines de ces technologies permettent de réutiliser facilement et rapidement ce qui peut encore aujourd’hui être considéré comme des déchets. Nous sommes à un moment de l’histoire où nous avons largement exploité les ressources limitées de la planète. Certains matériaux sont au bord de l’épuisement. D’autre part, nous sommes submergés par les déchets inhérents à la production de biens de consommation, par exemple. Il est temps d’utiliser ces « nouveaux » matériaux issus de matériaux anciens et malheureusement « abondants » dans des projets à grande échelle pour construire l’avenir. Plus d’informations sur le site de Bold Design ICI.

Que pensez-vous du travail réalisé par Bold Design ? N’hésitez pas à partager votre avis dans les commentaires de l’article ou avec les membres du forum 3Dnatives. Retrouvez toutes nos vidéos sur notre chaîne YouTube ou suivez-nous sur Facebook ou Twitter !

*Crédits photo de couverture : Emmanuelle Roule

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