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Reconstruire et démocratiser l’Histoire grâce à la 3D

Publié le 18 octobre 2017 par Mélanie W.
3D et Histoire

De nombreuses initiatives montrent aujourd’hui comment l’impression 3D vient en aide à l’Art et l’Histoire, que ce soit pour créer des formes complexes et des œuvres inédites, pour éduquer un public encore plus large ou au contraire préserver des artéfacts plus anciens voire même leur redonner vie.

En recréant un monument en ruine par exemple, on permet à un patrimoine de perdurer et on offre une interaction concrète avec le passé qui n’aurait pas été possible outre mesure. Une tendance appuyée par un rapport publié en 2014 par une équipe de chercheurs autrichiens et intitulé « 3D Printing for Cultural Heritage » qui montre comment les technologies 3D sont clés pour intégrer une nouvelle dimension sensorielle dans les musées.

technologies 3D et culture

Les technologies 3D au service de la reproduction

De manière inexorable, le temps dégrade et détruit, quand ce n’est pas à cause des guerres et conflits à travers le monde, les sites et vestiges du patrimoine mondial. Mais des chercheurs, archéologues et scientifiques internationaux s’activent et se forment aux dernières innovations techniques afin de venir en aide au passé.

Le professeur Peter Der Manuelian de Harvard explique : « Les technologies 3D rendent possible la reconstruction virtuelle complète de sites architecturaux et archéologiques aujourd’hui considérés comme des ruines endommagées ou partiellement préservées. En utilisant l’animation numérique, en ajoutant de la couleur et des effets de lumière, il est possible de montrer comment ces sites et monuments ont changé au fil du temps, de leur première construction et utilisation à leur abandon ou destruction éventuelle. »

Un des exemples les plus parlants nous vient de Syrie, dans l’ancienne ville de Palmyre où plusieurs vestiges ont été endommagés par l’Etat islamique. Grâce à l’impression 3D, certaines de ces ruines ont pu être restaurées comme l’Arc de Triomphe de Palmyre qui a été recréé en 2016. Avec ses 6 mètres de haut et ses 11 tonnes, cette réplique a été fabriquée en 6 heures seulement à partir d’images 2D du monument original. C’est Tor Art, une entreprise italienne, qui a réussi à reconstruire l’arche à l’aide de deux bras robotisés développés par RobotMill. Le robot 3D a permis de construire les différents blocs de la structure qui ont été ensuite assemblés et disposés à Trafalgar Square à Londres puis New York et Dubaï.

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Les technologies 3D ne s’arrêtent pas à la reproduction de monuments mais redonnent également une forme de vie à nos ancêtres qui ont marqué l’Histoire. Un des exemples les plus récents concerne le Pérou où une équipe de chercheurs ont réussi à recréer la Dame de Cao, la première femme dirigeante de la civilisation Moche. Ils ont retrouvé des restes momifiés en 2006 et ont pu, grâce à un scanner 3D de chez Faro Technologies, numériser son corps puis recréer une image 3D qui a été utilisée pour imprimer son buste sur une imprimante SLA iPro 8000.

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Il aura fallu 10 mois pour venir à bout de ce projet. Milagros Arquiñigo de l’association Wise explique : « Nous avons rassemblé une équipe internationale d’experts composée d’archéologues, d’anthropologues, de médecins légistes, de dentistes et d’ingénieurs des technologies 3D pour construire un modèle 3D de la momie et imprimer en 3D sa réplique. Nous avons utilisé un logiciel spécialisé et des techniques d’anthropologie pour réussir une reconstruction facile afin de présenter au monde pour la première fois le visage de la Dame de Cao. »

Les technologies 3D au service de la restauration dans les musées

La conservation et l’entretien des œuvres d’art sont des opérations complexes dans lesquelles la prudence et la rigueur sont de mise. Des processus méticuleux donc qui sont amenés à se renouveler également grâce à l’apport des nouvelles technologies.

Le château de Versailles est un parfait exemple de l’utilisation de l’impression 3D dans les musées. Après la révolution française, plusieurs pièces de mobiliers d’Art du château ont connu des dégradations. Un projet mené par le Musée Victoria & Albert de Londres a alors permis de restaurer un fauteuil ayant appartenu à Marie Antoinette en personne. Pour commencer, l’équipe a conçu un moule afin de recréer la partie intacte de la chaise, qui a alors été numérisé à l’aide d’un scanner 3D pour en obtenir le clone symétrique à partir d’un logiciel 3D. Un modèle imprimé en 3D a alors été réalisé, réplique fidèle de la partie manquante. Finalement, un dernier moule a été mis au point pour obtenir la pièce manquante dans un matériau proche du bois. Des étapes de finition ont ensuite été nécessaires – capitonnage, peinture et dorure – pour redonner au fauteuil son éclat d’antan.

Joseph Green, Deputy Director du Semitic Museum affirme que ce genre d’initiatives pourrait être « étendue aux milliers de fragments archéologiques trouvés dans les musées à travers le monde. »

La 3D pour élargir l’accès à la culture

Et si l’on vous disait que l’impression 3D pouvait même devenir un outil pédagogique ? De plus en plus de musées intègrent cette nouvelle tendance, à commencer par le British Museum. Depuis 2014, le musée offre un accès à plus de 4 700 pièces historiques en ligne, avec la possibilité de les imprimer en 3D chez soi.

Les reliques ont d’abord été numérisées en 3D par photogrammétrie – une méthode qui consiste à prendre de multiples photos de l’objet selon différents points de vues. Une fois scannés, les différents artefacts ont été mis en ligne sur la plateforme Sketchfab, qui propose des centaines de milliers de modèles 3D. Sur certaines pièces, des explications audio sont également fournies afin de mieux comprendre leur histoire.

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Un des artéfacts qu’on peut retrouver sur la plateforme

Le musée travaille également avec l’entreprise anglaise ThinkSee3D pour vendre quelques uns de ces modèles imprimés en 3D dans sa boutique. Après avoir testé différentes technologies de fabrication comme le dépôt de matière fondue ou le liage de poudre, ils ont finalement opté pour un procédé de fabrication indirecte en ayant recours à une technologie de fonte à cire perdue. On retrouve ainsi des répliques comme la statue de Roy (£200) et celle d’Antinous (£250). Daniel Pett, Senior Manager des Sciences Humaines Numériques au British Museum affirme « Il a été rapidement évident qu’imprimer les modèles en plastique n’était pas très respectueux de l’environnement et que des impressions en plâtre seraient trop chères. Nous avons donc décidé d’utiliser une méthode de moulage directement à partir d’un moule imprimé en 3D. »

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La statue de Roy

Bien que le British Museum soit un pionnier de ce mouvement, il existe d’autres projets qui visent le même objectif comme « Scan The World », une communauté en ligne créée en 2014 par la plateforme MyMiniFactory pour amener l’Art au grand public. La collection inclut des modèles 3D de sculptures issues de grands musées à travers le monde comme le Getty Center, le Louvre, le Vatican ou encore Versailles. Aujourd’hui, la plateforme a accumulé l’équivalent de 21,000 heures d’impression de sculptures et d’œuvres d’art connues. Cette communauté, organisée par ses utilisateurs, sert aujourd’hui de concept de musée du futur ouvert à tous.

Une autre tendance observée est l’ouverture des musées au toucher. Depuis des siècles, ces lieux impliquent d’observer ou d’écouter un guide afin d’apprendre; il n’a jamais été question de toucher les oeuvres et de saisir les objets. Cela peut même parfois frustrer certains d’entre nous.

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Toutefois, grâce aux technologies 3D, de nouvelles initiatives voient le jour. Un des exemples les plus parlants a été réalisé au Musée Belvédère à Vienne et mené dans le cadre du projet AMBAVIs (Access to Museums for Bind and Visually Impaired People) de l’Union Européenne. On peut en effet retrouver une réplique du tableau Le Baiser de Gustav Klimt, une œuvre de 42 x 42 centimètres en relief. Celle-ci a été imprimée en 3D sur une imprimante CJP (pour ColorJet Printing) de 3D Systems qui repose sur une technologie de liage de poudre. Grâce à des capteurs biométriques, on peut même obtenir des informations audio en touchant certaines parties du tableau. Les visiteurs vivent ainsi une expérience multi-sensorielle. Bien qu’ouverte à tous, ce genre de projets profitent bien évidemment aux personnes aveugles et malvoyantes, qui pour la première fois, peuvent pleinement saisir toute la complexité d’une œuvre d’Art à l’aide du toucher.

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Préserver, reproduire et élargir l’accès à la culture sont quelques unes des opportunités extraordinaires offertes par l’avènement des technologies que sont la modélisation, la numérisation ou l’impression 3D. Que vous ayez un accès limité aux musées à cause de la distance, du manque de ressources, de temps ou plus gravement à cause d’un handicap, les nouveaux outils numériques à disposition des musées veillent aux vestiges de l’humanité et vous les apportent sur un plateau !

Pensez-vous que les technologies 3D nous invitent à redécouvrir notre patrimoine? Partagez votre avis dans les commentaires de l’article ou avec les membres du forum 3Dnatives.

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