Le village de Mulegns, dans le canton des Grisons, ne compte que douze habitants et pourtant, il fait actuellement parler de lui. La nouvelle attraction du village, la Tour Blanche de Mulegns (« Tor Alva »), a été dévoilée en début de semaine avec un impressionnant spectacle de lumières et inaugurée officiellement mardi matin. Le projet, né d’une collaboration entre l’institution culturelle Nova Fundaziun Origen et l’ETH Zurich, a pris environ sept ans. La structure n’est pas seulement le symbole d’une architecture numérique et artistique, elle doit également stimuler le tourisme local et aider le village à prendre un nouvel essor.
Avec ses 30 mètres, la Tour Blanche de Mulegns est le plus haut bâtiment au monde fabriqué numériquement. Chacun de ses quatre étages comporte huit colonnes doubles et quadruples, entièrement fabriquées par impression 3D. Un escalier central en colimaçon relie les étages et mène finalement à la coupole. On y trouve une salle pouvant accueillir 45 personnes et qui peut être utilisée pour des manifestations culturelles. L’architecture unique du bâtiment favorise un jeu de lumière naturelle dans les espaces intérieurs et la coupole. En outre, les colonnes imprimées en 3D présentent chacune des ornements artistiques et une grande variété de formes. Celles-ci rappellent l’art baroque des Grisons et reflètent l’histoire de l’émigration du village et la présence sur place des confiseurs grisons.
La Tour Blanche a été dévoilée lors d’un spectacle de lumières
Tor Alva est synonyme de culture de la construction numérique, où la recherche et l’art s’entremêlent et où la construction modulaire, circulaire et évolutive est mise en avant. Dès le début, les architectes Prof. Dr Benjamin Dillenburger et Michael Hansmeyer de l’ETH Zurich se sont appuyés sur la planification numérique de l’ouvrage. Les données ont été enregistrées sous forme de jumeaux numériques et les simulations, évaluations, etc. ont également été réalisées sans plans analogiques. D’autres technologies telles que la réalité virtuelle et la réalité augmentée ont également été intégrées dans le processus de planification.
L’impression a finalement commencé début 2024. Les différents éléments des colonnes en béton ont été imprimés à l’aide d’un robot, un bras robotisé appliquant le béton et un autre insérant les armatures. Le procédé d’impression 3D a permis d’optimiser l’utilisation des matériaux et d’inclure directement les armatures. De cette manière, les pièces imprimées en 3D ont pu être reliées entre elles sans colle et assemblées de manière modulaire uniquement à l’aide de vis amovibles. Cela permet également de démonter facilement la tour dans quelques années. Au total, 124 éléments ont été imprimés de cette manière, le temps d’impression s’élevant à environ 900 heures. À partir de l’été 2024, les différents étages ont été progressivement montés jusqu’à ce que la coupole vienne couronner l’édifice en avril 2025.
Crédits photo : R. Masallam
Le président de l’ETH Joël Mesot voit dans cette construction un signe de la collaboration entre la science et l’industrie : « La tour réunit les connaissances les plus récentes de la recherche avec le savoir-faire des entreprises et des spécialistes. Construire la tour ici, au pied du col du Julier, c’est aussi permettre à nos chercheurs d’acquérir une expérience importante dans la pratique ». De nombreuses entreprises, dont SAEKI et BASF, ainsi que des investisseurs ont été impliqués dans le projet, qui aurait coûté environ 4,4 millions de francs suisses.
Même si la Tour Blanche de Mulegns ne durera pas, le projet montre comment l’architecture et la technologie contribuent au patrimoine culturel, qui à son tour soutient la vie du village. En outre, Tor Alva démontre le potentiel de la technologie de construction numérique et devrait inciter à repenser la construction dans le sens de la durabilité. Giovanni Netzer, directeur de théâtre et fondateur de la fondation culturelle Origen, conclut en exprimant sa fascination pour la structure :
L’interaction entre la technologie numérique, l’artisanat expérimenté, la pertinence culturelle et historique et la recherche de formes artistiques m’a fasciné. La Tour blanche n’est pas seulement une réalisation technique : elle inspire le monde de la construction, encourage une action durable, promeut un tourisme durable, crée un nouvel espace culturel et aide un village en voie de disparition à survivre. C’est formidable.
Retrouvez davantage d’informations sur le projet ICI. Que pensez-vous de la Tour Blanche ? Partagez votre avis dans les commentaires de l’article. Retrouvez toutes nos vidéos sur notre chaîne YouTube ou suivez-nous sur Facebook ou LinkedIn !
*Crédits de toutes les photos de la tour : Benjamin Hofer
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