Interviews

Stealth Keys, des clés non copiables imprimées en 3D métal

En 2015, nous vous présentions une initiative prometteuse pour l’industrie de la serrure : la jeune pousse suisse UrbanAlps présentait sa clé imprimée en 3D, impossible à numériser et donc à copier. Depuis, l’entreprise a bien grandi, a levé 2,5 millions de dollars et ses Stealth Keys commencent à être commercialisées. Créées grâce au fusion sélective laser, elles seraient beaucoup plus sûres que les clés traditionnelles car ses structures internes seraient trop compliquées à copier. Nous avons rencontré son CEO et co-fondateur Alejandro Ojeda afin d’en savoir plus sur le processus de fabrication de ses clés et les avantages d’une telle technologie pour l’industrie.

3DN : Pouvez-vous vous présenter ainsi que votre lien avec la fabrication additive ?

 Je m’appelle Alejandro Ojeda et je suis le CEO et co-fondateur d’UrbanAlps Switzerland. Nous sommes les créateurs de Stealth Key, la première clé en métal imprimée en 3D. Elle cache ses fonctions de sécurité mécaniques à l’intérieur de sa structure, la rendant impossible à numériser : la copie est donc protégée. Notre objectif est de transformer une industrie centenaire qui a l’habitude de percer des trous dans des feuilles de métal et lui proposer une solution de fabrication additive.

Alejandro Ojeda

3DN : Pouvez-vous nous en dire plus sur la fabrication des Stealth Keys ?

Nous fabriquons nos Stealth Key par fusion sélective laser à partir d’un alliage de matériaux. Cela permet non seulement d’avoir d’incroyables complexités internes, mais aussi de donner un plus grand ordre de grandeur que les clés standard, une meilleure résistance à la rouille et une légèreté plus élevée. Vous pouvez les jeter à la mer ou dans un four, elles ne bougeront pas. Les Stealth Keys placent la fabrication additive dans les poches de tout le monde, un avantage certain pour l’industrie de l’impression 3D !

3DN : Pourquoi s’être tourné vers la fabrication additive pour produire des clés ?

Honnêtement, par frustration. En 2013, j’ai lu un article dans Forbes qui expliquait comment plusieurs étudiants du MIT avaient imprimé en 3D une clé haute sécurité et affirmé que la fabrication additive métal serait la fin de la clé mécanique. Je travaillais avec l’impression 3D du métal et la numérisation dans les laboratoires de R & D d’une société de turbines à gaz créant de nouveaux types d’aubes de turbines. Je pensais que le potentiel de l’impression 3D avait été complètement manqué et que c’était une opportunité à saisir. Et ainsi, la Stealth Key est née. Déjà avec les premiers prototypes, les avantages de l’impression 3D étaient évidents. Premièrement, ce n’est que grâce à la fabrication additive que l’on peut fabriquer des clés aussi complexes à un prix abordable.

Deuxièmement, lorsque nous imprimons 1 500 Stealth Keys en une seule fois, chaque clé est différente sans aucun coût supplémentaire. Les technologies 3D permettent d’obtenir une taille de lot optimale tout en complexifiant la structure du produit final. Enfin, on peut dire que l’impression 3D est une approche de fabrication qui est bien plus efficace sur de nombreux points : personnalisation, complexité, taille, distribution, etc.

3DN : La fabrication additive est-elle plus sûre comparée aux méthodes de production traditionnelles ?

Oui, les clés imprimés en 3D ouvrent des portes à une complexité auparavant inaccessible, ce qui rend la duplication non autorisée beaucoup plus difficile. Les clés traditionnelles à sécurité élevée et moyenne étaient difficiles à copier, exigeaient des compétences et des équipements coûteux. Cependant, avec l’arrivée de l’impression 3D à la maison, n’importe quelle personne ordinaire peut créer des clés considérées auparavant comme trop complexes pour être copiées. Cela signifie, par exemple, que lorsque vous remettez la clé à un agent de sécurité ou à un concierge, il peut en créer une copie lui-même ou la numériser et la vendre en ligne au plus offrant. C’est un problème de sécurité majeur.

Dans notre cas, contrairement au reste de l’industrie serrurière, nous ne combattons pas l’impression 3D, nous l’adoptons. Nous fabriquons une clé qui empêche cette première étape de duplication de clé non autorisée : la numérisation 3D. Et cela fait toute la différence.

3DN : Quels sont vos futurs projets ?

Nous voulons réorganiser toute la chaîne d’approvisionnement et la production de clés pour mettre fin à l’ère des clés traditonnelles et devenir l’acteur dominant du secteur de la 3D.

Heureusement, la plupart des grands fabricants d’imprimantes 3D ont reconnu notre vision et ont compris que la clé Stealth pouvait devenir le premier produit métal imprimé en 3D sur le marché de masse. Pour vous donner un ordre de grandeur, les usines traditionnelles fabriquent aujourd’hui 40 000 clés par jour et chaque modèle de clé possède son type de machine.

3DN : Un dernier mot pour nos lecteurs ?

Cela va bien plus loin qu’une clé mécanique. Pour le moment, nous avons mis la fabrication additive dans les poches de tout le monde, mais l’opportunité de la technologie dépasse la solution tangible. Elle représente un changement de paradigme dans l’industrie à tous les niveaux: conception, personnalisation, chaîne d’approvisionnement, distribution en usine, serrurier, client… 2019 s’annonce comme une année très prometteuse pour Stealth Key. Nous avons quelques opportunités en attente ; si nous le faisons correctement, nous aurons des nouvelles passionnantes à annoncer au secteur de l’impression 3D : restez connectés ! Vous pouvez toujours visiter notre site pour plus d’informations.

Que pensez-vous des Stealth Keys ? Partagez votre opinion en commentaires de l’article ou avec les membres du forum 3Dnatives.

Mélanie W.

Diplômée de l'Université Paris Dauphine, je suis passionnée par l'écriture et la communication. J'aime découvrir toutes les nouveautés technologiques de notre société digitale et aime les partager. Je considère l'impression 3D comme une avancée technologique majeure touchant la majorité des secteurs. C'est d'ailleurs ce qui fait toute sa richesse.

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Mélanie W.

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