Art & Design

Smart Art, l’impression 3D pour une culture de l’inclusion

Smart Art est un consortium français qui réunit plusieurs acteurs de la région Grand Est, plus particulièrement de la Champagne Ardenne. Il a organisé il y a quelques mois une exposition baptisée « L’Essentiel est invisible pour les yeux » pour les déficients visuels; les oeuvres présentées sont en effet tactiles et accompagnées avec une bande sonore pour qu’ils puissent vivre une expérience qui les rapproche de la culture et de l’Art. Certaines de ces oeuvres ont été imprimées en 3D, montrant ainsi le lien entre technologies 3D et handicap. Nous avons rencontré Vincent Marquet, ingénieur au FabLab SmartMaterial de l’Université de Reims Champagne-Ardenne pour en savoir plus sur l’exposition, les technologies utilisées et les résultats obtenus.

3DN : Pouvez-vous vous présenter ainsi que les différents partenaires du projet?

Nous sommes plusieurs partenaires à l’origine de ce projet, son porteur étant l’association Lire Aussi. L’Institut Michel Fandre et le Musée de l’Ardenne à Charleville-Mezières ont sélectionné les œuvres et organisé l’exposition ; le Laboratoire d’Ingénierie et Sciences des Matériaux (LSIM) de l’Université de Reims Champagne-Ardenne a imprimé les œuvres tactiles, l’Université de Technologie de Troyes a réalisé le cahier des charges.

3DN : Comment est né le projet Smart Art?

Depuis plusieurs années, l’IFTS de Charleville-Mézières a collaboré avec l’association Valentin Haüy dans le cadre de projets étudiants dont l’objectif était la modélisation et la réalisation de maquettes tactiles. De leurs côtés, l’UTT et l’association Lire Aussi ont travaillé sur le projet Seeit en faveur du bien-être et du développement de l’autonomie des personnes aveugles et déficientes visuelles. Ces différents organismes, de part leurs compétences, se sont réunis pour répondre à l’appel à projet « Innov’action » lancé par le conseil régional. Ce projet intitulé Smart Art avait comme principale finalité une exposition de maquettes tactiles représentant 13 chefs d’œuvre des musées de CM. L’exposition a été baptisée L’essentiel est invisible pour les yeux et a duré 3 mois.

3DN : Quelles ont été les différentes étapes du projet?

Nous avons tout d’abord modélisé les œuvres avec le logiciel Blender. Nous avons effectué ce travail avec l’association Valentin Haüy, travail qui nous a pris environ 70 heures. Une fois cette étape réalisée, le LSIM a préparé les fichiers obtenus pour impression ; il a procédé à la découpe des fichiers en utilisant des logiciels de FAO. La prochaine étape était naturellement l’impression 3D puis l’usinage, processus qui nous a pris environ 130 heures. Le post traitement quant à lui a nécessité 40 heures entre l’assemblage, le collage et la peinture.

Modélisation sous Blender

Nous avons utilisé les équipements disponibles au FabLab SmartMaterial de l’Université de Reims Champagne-Ardenne; il possède aujourd’hui des imprimantes 3D FDM comme des Ultimaker, des imprimantes SLA et DLP et une machine CNC et découpe laser. Cela nous a permis d’utiliser plusieurs matériaux comme du PLA, de l’EPOXY et LAB qui est une mousse polyuréthane. En moyenne, nous avons pu créer des tableaux de 600 x 400 x 100 mm.

3DN : Quel est l’objectif principal de cette exposition?

L’un des principaux objectifs de l’exposition était de rendre le visiteur déficient visuel autonome dans la construction de son parcours et de ses choix artistiques. Ainsi, une bande sonore lui permettait de découvrir l’oeuvre, soit par une musique adaptée, soit par une audio description. Il peut choisir entre les deux. Il faut aussi préciser que l’exposition permettait aux voyants de se mettre en situation de mal voyance afin que cette présentation réponde aux objectifs d’inclusion sociale qu’elle s’était fixée, ceci au travers de 2 expériences de visiteurs croisés.

3DN : Que peut-on y découvrir ?

On a réalisé plusieurs tableaux tactiles mais aussi des bustes – vous pouvez par exemple toucher la tête de Rimbaud blessé à Bruxelles en 1873 mais aussi plonger votre main dans le pot de la Teilleuse de chanvre immortalisée par Eugène Damas au XIXème siècle. Concernant les tableaux, on a repris des chefs d’œuvres de Picasso ou Sisley.

3DN : Selon vous, en quoi l’impression 3D peut-elle aider à accéder à l’Art et la culture?

Pour la première fois, l’impression offre une dimension supplémentaire à la réalisation d’une maquette tactile en permettant de sortir les personnages de l’arrière plan, offrant ainsi une meilleure compréhension de l’oeuvre. La diversité des matériaux et le type de technologie d’impression 3D concourent à définir des textures et des détails encore plus poussés augmentant le ressenti et l’émotion du visiteur. Cependant, le tableau tactile n’est pas une fin en soi. Les verrous techniques que l’impression 3D à permis de lever ne sont là que pour offrir un outil innovant à une découverte sensible de l’œuvre d’art.

Vue générale de l’exposition

Que pensez-vous de l’initiative Smart Art? Partagez votre avis dans les commentaires de l’article ou avec les membres du forum 3Dnatives.

Mélanie W.

Diplômée de l'Université Paris Dauphine, je suis passionnée par l'écriture et la communication. J'aime découvrir toutes les nouveautés technologiques de notre société digitale et aime les partager. Je considère l'impression 3D comme une avancée technologique majeure touchant la majorité des secteurs. C'est d'ailleurs ce qui fait toute sa richesse.

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Mélanie W.

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