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Les résines utilisées dans l’impression 3D dentaire seraient-elles dangereuses pour la santé reproductive ?

A l’université de médecine de Northwestern, une équipe de chercheurs a développé un prototype d’appareil reproducteur féminin sur puce imprimé en 3D. En utilisant des résines couramment utilisées dans le secteur dentaire, ils se sont aperçus que celles-ci pouvaient potentiellement être dangereuses pour les ovocytes de mammifères in vitro. Elles présenteraient en effet une toxicité élevée, nécessitant donc une évaluation plus rigoureuse des matériaux dits biocompatibles aujourd’hui. Cette étude pourrait-elle remettre en question certains usages de la fabrication additive dentaire et souligner les freins liés à la biocompatibilité et la certification de la résine aujourd’hui utilisée ?

Aujourd’hui estimée à $9,7 milliards de dollars en 2025 selon Grand View Research, l’impression 3D dentaire permet de multiples applications : gouttières imprimées en 3D, implants sur-mesure, moules, prothèses, etc. Dans de nombreux cas, la technologie de stéréolithographie est privilégiée, un procédé qui s’appuie sur des résines photosensibles. Elles sont aujourd’hui principalement utilisées pour fabriquer des moules de gouttière qui sont ensuite thermoformés. Or, les résultats de l’étude menée par l’université Northwestern semblent indiquer qu’elles pourraient facilement laisser s’infiltrer des composés pouvant induire une toxicité grave dans l’ovocyte. Faudrait-il craindre ces résines utilisées en fabrication additive ?

Crédits photo : EnvisionTec

Les chercheurs expliquent qu’ils ont utilisé deux résines biocompatibles afin d’imprimer en 3D des plateformes micro physiologiques pour accélérer la fabrication d’un prototype d’appareil reproducteur. Or, les cellules reproductrices étant très sensibles aux composés lixiviables, ils ont mené un examen de la toxicité des résines employées en utilisant un test in vitro de maturation des ovocytes de souris. La culture faite dans cette pièce imprimée en 3D a révélé une dégénérescence rapide des ovocytes. Francesca Duncan, co-auteur de l’étude et professeur adjoint d’obstétrique et de gynécologie à la faculté de médecine Feinberg de l’université Northwestern, explique : “Nos résultats sont importants car ils démontrent que les lixiviats des matériaux couramment utilisés dans l’impression 3D sont considérés comme « biocompatibles » mais peuvent avoir des effets néfastes sur la santé reproductive. Il est absolument nécessaire de mieux comprendre l’identité et l’impact biologique des composés qui s’échappent de ces matériaux.”

Pour l’instant, cette étude ne fournit que des preuves de toxicité dans un cadre in vitro ; il serait donc intéressant de basculer vers le in vivo et voir si on constate les mêmes effets. En effet, ces résines sont utilisées dans le secteur de l’impression 3D dentaire et peuvent donc avoir un contact direct avec la bouche, et donc avoir un impact plus ou moins néfaste chez la femme. Francesca Duncan poursuit : « Les résultats démontrent que la toxicité pour la reproduction devrait être une priorité lors de la caractérisation de tous les matériaux avec lesquels les humains peuvent entrer en contact, que ce soit dans un cadre médical ou dans leur vie quotidienne. »

On le savait déjà, il existe encore un gap à combler dans le secteur médical en termes de biocompatibilité et de certification. Reste à savoir si cette étude pourra faire avancer le débat. Vous pouvez d’ailleurs la retrouver ICI.

*Crédits photo de couverture : DETAX

Que pensez-vous des résultats de cette étude ? Partagez votre avis dans les commentaires de l’article ou avec les membres du forum 3Dnatives. Retrouvez toutes nos vidéos sur notre chaîne YouTube ou suivez-nous sur Facebook ou Twitter !

Mélanie W.

Diplômée de l'Université Paris Dauphine, je suis passionnée par l'écriture et la communication. J'aime découvrir toutes les nouveautés technologiques de notre société digitale et aime les partager. Je considère l'impression 3D comme une avancée technologique majeure touchant la majorité des secteurs. C'est d'ailleurs ce qui fait toute sa richesse.

Voir les commentaires

  • Bonjour,

    Merci, c'est hyper inintéressant !!!
    Par contre les résines utilisés sont "Biocompatible" mais seulement de classes IIa, contrairement à la "BioMed Clear" qui elle est de classe VI, ce qui est une norme rigoureusement plus importante. Ce qu'il serait inintéressant c'est de savoir si cette différence de classe est bien réel sur les résines. Aussi, est ce que les pièces imprimé en 3D ont été suffisamment bien rincé, et ce potentiel mauvais rinçage ne serait pas en cause ? Car toutes ces résines sont toxiques à l'état liquide pure et sensé être propre au contact humain une foie bien polymérisè...

  • J'alerte mes entourages pro' à ce sujet depuis de nombreuses années. Trop souvent des résines en apparences certifiées (mais impossible de tracer la procédure) sont employées. Et, fondamentalement, quand on utilise des nouveaux matériaux pour imiter les propriétés de matériaux déjà employés dans la filière mais avec d'autres outils de mise en forme, alors la certification est complexe voir impossible.

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Mélanie W.

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