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Du mobilier imprimé en 3D à partir de bouchons en plastique et de masques chirurgicaux recyclés

Dans l’est de la France, le Lorraine Fab Living Lab (LF2L) participe activement au projet européen INEDIT qui a pour objectif  de concevoir du mobilier à partir de plastique recyclé. Il a misé sur la fabrication additive : en investissant dans une machine FDM, la Gigabot X plus précisément, le fablab conçoit ses premières pièces à partir de bouchons en plastique et de masques chirurgicaux recyclés. Il espère aussi créer une nouvelle dynamique autour du recyclage et créer un circuit court local pour récupérer les matériaux et les transformer. Un défi qui va au-delà de l’impression 3D.

Le projet européen INEDIT (open INnovation Ecosystems for Do It Together process) a commencé en 2019 et regroupe 14 participants, du laboratoire de recherche à la grande entreprise en passant par des PME et centres technologiques. D’une durée de 3 ans, il vise à construire l’entreprise européenne du meuble de demain en combinant une approche “Do It Yourself” (DIY) et “Do It Together” (DIT). Plusieurs méthodes de conception sont testées comme l’impression 3D de bois, la smartification, ou encore l’impression 3D de plastique recyclé. 

L’équipe derrière le projet (crédits photo : LF2L)

Construire des meubles avec des matériaux recyclés

Le fablab nancéien a donc investi dans une imprimante 3D américaine de re:3D, la Gigabot X. Elle est compatible avec des granulés plastiques ce qui permet d’élargir la gamme de polymères, du PLA standard aux matières recyclées. Pour l’instant, les équipes auraient testé des bouchons en plastique et des masques chirurgicaux recyclés afin de concevoir divers composants de meubles. Laurent Dupont, cofondateur et responsable scientifique du LF2L, à l’université de Lorraine, affirme : “Nous pouvons transformer l’imprimante 3D et l’adapter à notre guise pour les besoins de la recherche et du projet. Dans ce cadre de projet européen, on mobilise la capacité à tester tout ce qui est de l’ordre de la conception virtuelle par l’usage et mise en situation pour voir si cela est recevable par du public, mais aussi les professionnels designers, etc. À ce stade, on est sur des petits formats (70 cm x 30 cm x 40 cm), plutôt des éléments complémentaires à mettre dans les meubles. On est en train de fabriquer une machine plus grande. Mais il faut encore quelques mois de développement.”

A terme, l’objectif est de permettre à n’importe qui de fabriquer son meuble et d’imaginer facilement son agencement. A partir d’u scanner 3D et d’un casque de réalité virtuelle, le LF2L explique qu’une personne lambda pourrait développer son projet et le visualiser rapidement. Laurent Dupont ajoute : « On imagine aussi pouvoir, sur cette base, interagir avec des communautés de professionnels, des designers, des « makers » pour avoir des idées ou des préconisations. On pourrait aussi avoir accès à une base de données de meubles faciles à réaliser. Ensuite, l’objectif est de pouvoir faire de la fabrication sur-mesure. »

La Gigabot X est compatible avec des granulés plastiques (crédits photo : Université de Lorraine – Laboratoire ERPI – LF2L)

Un projet qui va au-delà de l’impression 3D

Ce projet implique forcément la récupération de ces matériaux recyclés : dans la ville de Nancy, il existe déjà un service de collecte de masques chirurgicaux usagés qui sont ensuite recyclés. L’équipe du LF2L souhaite reproduire ce système pour les bouchons en plastique ; elle a imaginé des conteneurs intelligents et connectés capables d’estimer le poids et ainsi déterminer le moment opportun de la collecte. Cela implique que les habitants jouent le jeu et n’y jettent pas autre chose. Comment s’assurer aussi que tous les bouchons soient faits avec le même plastique ? Il faudra donc résoudre tous ces défis pour pouvoir bâtir un circuit de production local plus efficace.

En tout cas, le LF2L espère pouvoir répondre à ces différentes questions d’ici le prochain Salon de l’habitat à Nancy qui aura lieu en février 2022. Il doit également présenter ses premiers résultats d’impression à la Commission Européenne fin avril. En attendant, vous pouvez retrouver davantage d’informations ICI.

*Crédits photo de couverture : LF2L

Que pensez-vous de l’initiative du fablab lorrain ? N’hésitez pas à partager votre avis dans les commentaires de l’article ou avec les membres du forum 3Dnatives. Retrouvez toutes nos vidéos sur notre chaîne YouTube ou suivez-nous sur Facebook ou Twitter !

Mélanie W.

Diplômée de l'Université Paris Dauphine, je suis passionnée par l'écriture et la communication. J'aime découvrir toutes les nouveautés technologiques de notre société digitale et aime les partager. Je considère l'impression 3D comme une avancée technologique majeure touchant la majorité des secteurs. C'est d'ailleurs ce qui fait toute sa richesse.

Voir les commentaires

  • Bonjour,
    Merci pour cet article sur les travaux du laboratoire ERPI (Université de Lorraine) dont le Lorraine Fab Living Lab est la plate-forme recherche support.
    N'ayant jamais échangé avec vous, j'imagine que vous reprenez l'article de France 3 du 8 mai 2021 (https://france3-regions.francetvinfo.fr/grand-est/meurthe-et-moselle/nancy/nancy-du-mobilier-imprime-en-3d-avec-des-dechets-en-plastique-un-programme-de-recherche-europeen-2075791.html )
    Je me permets dès lors d'apporter quelques précisions.

    Les travaux sur l'impression 3D en plastique recyclé sont réalisés par le laboratoire ERPI depuis 2012-2013, notamment par Hakim Boudaoud et Fabio Cruz dont les recherches permettent de recycler du PLA ou encore les capsules plastiques des bouteilles - plus d'info :http://erpi.univ-lorraine.fr/projects/Green-FabLab/ et https://lf2l.fr/projects/green-fablab/

    Depuis 2019, nous sommes partenaires du projet européen INEDIT (https://www.inedit-project.eu/). Dans ce cadre nous avons effectivement acquis la Gigabot X, arrivée en nov 2020 (le 1er modèle en Europe d'après le fournisseur). Comme indiqué dans mes propos que vous avez repris, avec cette machine mes collègues réalisent des testes pour imprimer des parties de meubles ou des éléments de customisation.
    A ce stade nous n'utilisons pas encore de masques chirurgicaux pour l'impression 3D... même si l'idée est séduisante et que nous y réfléchissons car il y a un véritable enjeu, seulement il y a de nombreuses contraintes.

    La collecte des masques évoquée dans l'article de France 3, fait référence à un projet du Lycée Loritz / Rives de Meurthe / Echogestes avec qui nous échangeons https://www.linkedin.com/feed/update/urn:li:activity:6787731608112906240/
    Ce collectif avec qui nous sommes voisins, nous a en effet sollicité pour voir ce qu’il était possible de faire avec les masques.

    Le projet INEDIT se poursuit jusqu'à fin 2022 et le laboratoire ERPI conduit de nombreuses autres recherches. Avec nos partenaires nous espérons relever un certain nombre des défis rapidement évoqués ici et apporter des réponses pertinentes dans les prochains mois ou années.

    D'ici là merci de rectifier votre article.
    Nous restons à votre disposition pour toute demande de précision.

    Bien cordialement,
    Laurent Dupont
    Ingénieur de Recherche ERPI - ENSGSI (Univ Lorraine)
    pilote INEDIT pour l’Université de Lorraine et co-fondateur du LF2L

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Publié par
Mélanie W.

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