Matériaux

Matt Harkness composte naturellement les déchets de PLA grâce au corps humain

Le PLA est l’un des plastiques dits renouvelables et est donc souvent présenté comme respectueux de l’environnement – c’est également l’un des thermoplastiques les plus utilisés en fabrication additive. La raison en est que le polyactide est en grande partie fabriqué à partir de matières premières renouvelables telles que l’amidon de maïs. Les produits fabriqués à partir de PLA peuvent donc être étiquetés « biodégradables ». Cet écolabel peut être trompeur pour certains consommateurs, car beaucoup pensent qu’il peut être assimilé à « compostable ». Cependant, l’artiste australien Matt Harkness sait que ce n’est pas tout à fait vrai. A travers l’un de ses projets, il souhaite sensibiliser le public à l’impact environnemental de l’impression 3D. Il a développé une façon originale de de donner de la valeur à vos déchets d’impression 3D. Pourquoi ne pas réutiliser vos déchets PLA et les transformer en une encre pour vous faire un tatouage ? Revenons ensemble sur ce qui se cache derrière l’idée quelque peu bizarre de l’artiste.

Matt Harkness est un doctorant en art, design et médias à l’université de New South Wales. Sa « machine de biorecyclage » est un concept hypothétique qui transforme les déchets d’impression 3D en une encre polymère qui peut être placée sous la peau à l’aide d’un injecteur manuel. On sait que le PLA présente une biocompatibilité, utilisée notamment dans la production d’implants médicaux. Une fois que le PLA pénètre la peau de la personne, le processus d’hydrolyse commence. Les microparticules d’acide polylactique se transforment lentement en acide lactique, en dioxyde de carbone et en eau. Après trente semaines, le corps a complètement « recyclé » les particules de PLA et rejeté les composants par la miction ou la respiration. Il n’y a pas donc plus de déchets.

L’encre utilisée est composée de déchets d’impression 3D (crédits photo : Matt Harkness)

Selon l’artiste, la machine de biorecyclage est un moyen hypothétique de composter naturellement les déchets de PLA produits par impression 3D. L’artiste fait remarquer que les particules microplastiques se retrouvent de toute façon chez 50% des personnes. Avec sa machine, Matt Harkness trouve un moyen créatif d’attirer l’attention sur la commercialisation parfois irréfléchie des bioplastiques par les fabricants. Il souhaite également sensibiliser la communauté de la fabrication additive. La tendance croissante à disposer d’une imprimante 3D de bureau à la maison fait craindre à l’artiste australien que cela n’entraîne une quantité importante de déchets plastiques supplémentaires. En effet, précisément parce que les fabricants aiment promouvoir leurs filaments comme étant respectueux de l’environnement, de nombreux utilisateurs ignorent que les déchets ne peuvent pas simplement être jetés dans un compost domestique.

Matt Harkness cherche à sensibiliser les utilisateurs de l’impression 3D FDM

Nous avons déjà remis en question la durabilité du PLA par le passé. Bien que les déchets PLA soient biodégradables, ils ne peuvent être décomposés que dans une installation de compostage industrielle. Cela signifie que le matériau ne se décomposera que si les conditions sont réunies. Cela nécessite une température contrôlée (55-70ºC), de l’humidité et la présence de micro-organismes. Paramètres qui ne sont pas remplis à la maison par exemple. Par conséquent, le PLA ne peut pas être éliminé dans un compost avec les coquilles d’œufs ou les peaux bananes. Dans ce contexte, Matt Harkness critique non seulement le marketing des fabricants, qui omettent souvent de fournir des spécifications suffisantes pour recycler le PLA, mais aussi le manque d’infrastructures qui permettent le compostage industriel. L’artiste australien a également recyclé ses déchets d’impression 3D en articles ménagers et en meubles. Il a ainsi fabriqué un ramasse poussière avec la balayette associée, qui ont été fabriqués à partir de PLA fondu. Le choix de ces pièces n’est pas anodin : l’artiste cherche à montrer que les déchets ne peuvent pas être simplement balayés et jetés à la poubelle.

Grâce aux déchets d’impression 3D, l’article a imaginé une balayette et une pelle à poussière (crédits photo : Matt Harkness)

Vous pouvez retrouver davantage d’informations sur le site de l’artiste ICI.

*Crédits photo de couverture : Mark Harkness

Que pensez-vous du projet développé par cet artiste australien ? Pourra-t-il sensibiliser les utilisateurs quant à l’usage du PLA ? N’hésitez pas à nous en faire part dans les commentaires de l’article ou avec les membres du forum 3Dnatives. Retrouvez toutes nos vidéos sur notre chaîne YouTube ou suivez-nous sur Facebook ou Twitter !

Mélanie W.

Diplômée de l'Université Paris Dauphine, je suis passionnée par l'écriture et la communication. J'aime découvrir toutes les nouveautés technologiques de notre société digitale et aime les partager. Je considère l'impression 3D comme une avancée technologique majeure touchant la majorité des secteurs. C'est d'ailleurs ce qui fait toute sa richesse.

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Mélanie W.

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