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L’impression 3D représente-t-elle une menace croissante pour notre vie privée ?

Le Dr Annika John de l’université de Durham et le Dr James Griffen de l’université d’Exeter ont mené une enquête sur toutes les questions de confidentialité posées par l’impression 3D. Après avoir interrogé une trentaine d’entreprises du secteur, le constat est clair : la fabrication additive représenterait une « menace grave et croissante » pour la vie privée de ses utilisateurs. Les deux professeurs invitent les gouvernements à réagir et à modifier les traités sur les droits d’auteur et la législation internationale sur les droits de l’homme et appellent à la création d’un organisme pour réglementer le marché et le surveiller. Mais pourquoi l’impression 3D alarme-t-elle tant dès qu’il s’agit de vie privée, confidentialité et partage de données ? Peut-elle devenir une véritable menace alors même qu’elle présente des avantages certains pour nos industries ?

Si la fabrication additive a toujours soulevé des questions en termes de droit d’auteur et de propriété intellectuelle, elle est restée assez discrète quant à la traçabilité d’une pièce et la récupération de ses données. Dans les recherches menées par le Dr. Jones et le Dr. Griffin, ce qui inquiète les entreprises interrogées est davantage le fait qu’on puisse suivre et surveiller n’importe qui grâce à une pièce imprimée en 3D. Le le Dr Griffin explique : “L’impression en 3D aura un impact profond sur nos notions de vie privée sociale. Elle pourrait être beaucoup plus envahissante que l’Internet des objets. Chaque produit physique imprimé en 3D a le potentiel d’être suivi d’une manière qui ne s’est jamais produite auparavant. À l’avenir, à mesure que l’impression en 3D se banalisera, des étrangers auront la possibilité de tracer, de suivre et d’observer des objets, ce qui peut révéler une quantité incroyable d’informations sur les utilisateurs de ce type de contenu.” 

De plus en plus présente, l’impression 3D aura un impact profond sur notre vie sociale (crédits photo : BigRep)

Cette traçabilité et surveillance pourraient se faire via l’utilisation de filigranes. Il est commun pour les designers d’en créer dans leurs modèles 3D pour se protéger. Imaginez maintenant qu’on intègre ces filigranes dans chaque objet imprimé en 3D et qu’on puisse suivre le parcours de la pièce en temps réel. Le Big Data permettrait alors de récupérer de nombreuses informations sur n’importe qui. Nos deux professeurs indiquent toutefois que les entretiens menés révèlent que l’utilisation de filigranes sur le marché de l’impression 3D n’est pas encore trop répandue. Toutefois, les représentants de ces entreprises ont affirmé que, même s’ils ne les gardaient pas, les données personnelles de leurs clients collectées lors du processus d’impression 3D, étaient sensibles. 

Le Dr Annika Jones poursuit : “Les questions relatives à la vie privée sont déjà soulevées. Le risque d’autres incursions dans la vie privée des individus se profile à l’horizon avec le développement de nouvelles technologies et la prise de conscience croissante de la valeur commerciale des données personnelles qui peuvent être collectées par la production et l’utilisation de produits imprimés en 3D. En même temps, il est clair qu’il existe une demande au sein de l’industrie pour des conseils supplémentaires sur la manière de garantir que les données personnelles, et la vie privée des individus, soient protégées au fur et à mesure que l’industrie évolue.”

Les professeurs invitent à mettre en place un cadre pour règlementer les activités liées à l’impression 3D (crédits photo : 3DGence)

Mais justement, comment instaurer une réglementation claire sur un marché en constante évolution ? Régir la fabrication additive est loin d’être simple – il suffit par exemple de regarder le nombre de technologies différentes, la quantité de matériaux utilisés, etc. Le Dr. Jones et le Dr. Griffin suggèrent ainsi de revoir le cadre juridique international en matière de droits de l’homme de façon à ce que les problèmes liés au filigranage dans les pièces imprimées en 3D soient reconnus. Ils encouragent la mise en place d’un code de conduite qui “exigerait que les filigranes soient clairement identifiés sur les fichiers et les marchandises en 3D, et que des mesures soient prises pour garantir la protection de la vie privée des individus lorsque des marques ou des modes d’identification sont utilisés dans un objet ou un code. Il devrait également y avoir un composant logiciel spécifique qui puisse isoler et protéger les informations privées collectées à partir d’un filigrane.

La mise en place d’un tel cadre juridique ne se fera pas du jour au lendemain mais pourrait éclaircir l’avenir de la fabrication additive en matière de confidentialité et protection des données. Que pensez-vous justement de ce lien entre impression 3D et vie privée ? Partagez votre avis dans les commentaires de l’article ou avec les membres du forum 3Dnatives. Retrouvez toutes nos vidéos sur notre chaîne YouTube ou suivez-nous sur Facebook ou Twitter !

Mélanie W.

Diplômée de l'Université Paris Dauphine, je suis passionnée par l'écriture et la communication. J'aime découvrir toutes les nouveautés technologiques de notre société digitale et aime les partager. Je considère l'impression 3D comme une avancée technologique majeure touchant la majorité des secteurs. C'est d'ailleurs ce qui fait toute sa richesse.

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Mélanie W.

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