Lancé sur Kickstarter avec un objectif initial modeste de 4 360 €, le capteur de qualité de l’air « 3D Print Sensor » de la jeune entreprise new-yorkaise 3DFixie a déjà séduit plus de 258 contributeurs, récoltant près de 39 605 € à 21 jours de la fin de la campagne. Ce succès témoigne d’un intérêt croissant pour une problématique encore sous-estimée : la qualité de l’air dans les ateliers d’impression 3D.
Conçu spécifiquement pour les environnements de fabrication additive, ce petit appareil promet de rendre plus sûrs les espaces où l’on imprime, soude, colle ou encore ponce. Contrairement à de nombreux capteurs d’entrée de gamme vendus en ligne, le 3D Print Sensor embarque un capteur professionnel SEN66 et une carte électronique sur mesure, le tout pensé pour les activités de type FDM, résine, mais aussi pour l’usage général en atelier.
Le 3DPrint Sensor peut être relié à des relais pour allumer et éteindre des appareils électriques.
L’appareil mesure en temps réel une variété de polluants et paramètres environnementaux : particules fines (PM1.0 et PM2.5), composés organiques volatils (COV), dioxyde de carbone (CO₂), humidité et température. Toutes ces données sont affichées sur un écran tactile intégré, sans qu’une connexion Wi-Fi ou une application mobile soit nécessaire.
L’un des points forts du capteur est sa capacité à interagir avec d’autres appareils via un système de relais programmable. Concrètement, si la qualité de l’air dépasse un seuil défini, le capteur peut automatiquement déclencher des dispositifs comme des ventilateurs, des purificateurs ou même couper l’alimentation d’une machine.
Cette automatisation permet de sécuriser l’environnement de travail sans intervention humaine, un avantage particulièrement utile dans les ateliers partagés, les fablabs ou les espaces de production à domicile. Jusqu’à trois systèmes de relais peuvent être configurés, permettant par exemple de différencier les zones FDM, résine ou post-traitement dans un même environnement de travail.
Le 3DPrint Sensor permet de mesurer différents paramètres comme la qualité de l’air, la température et l’humidité.
L’appareil s’adresse aussi aux passionnés de data et d’open hardware. Le code source sera partagé avec les contributeurs, et l’ensemble repose sur une architecture basée sur Arduino et ESP32, avec un écran tactile utilisant Nextion. Un logiciel gratuit, compatible PC, permet de visualiser l’évolution des données en temps réel et d’enregistrer les mesures sous forme de fichiers CSV pour une analyse ultérieure.
Cette dimension pédagogique permet non seulement de surveiller son environnement, mais aussi de mieux comprendre quelles opérations ou matériaux ont un impact significatif sur la qualité de l’air. Par exemple, les utilisateurs pourront visualiser en direct la dégradation de l’air liée au démarrage d’une impression ou à l’ouverture d’un pot de résine, ainsi que l’efficacité des contre-mesures (aération, filtration…).
Avec la démocratisation des imprimantes FDM à haut débit et l’essor de la résine, les préoccupations liées à la santé et à la qualité de l’air dans les espaces confinés prennent de l’ampleur. Nombreux sont les utilisateurs qui travaillent depuis une pièce de leur domicile ou un atelier mal ventilé, exposant ainsi leurs proches, leurs animaux ou eux-mêmes à des polluants invisibles mais bien présents.
L’alcool isopropylique émet des vapeurs qui polluent l’air.
Le 3D Print Sensor ne prétend pas remplacer une ventilation adéquate, mais il permet de rendre ces risques visibles, mesurables et contrôlables. C’est aussi un excellent outil pour mieux calibrer ses habitudes : choisir les bons matériaux, ajuster les horaires d’impression, ou décider d’investir dans un purificateur plus performant.
Selon l’équipe de 3DFixie, la production débutera immédiatement après la campagne. L’expédition est prévue dans un délai de 4 à 6 mois, selon l’obtention des certifications électriques. Chaque contributeur recevra un capteur, les câbles nécessaires, les fichiers STL pour imprimer son boîtier personnalisé, ainsi qu’un lien pour télécharger le logiciel.
Les créateurs, installés à New York, précisent qu’ils ont développé ce capteur pour leur propre usage, après avoir constaté des maux de tête récurrents dans leur atelier. En testant leurs outils, ils ont découvert que de nombreuses activités, au-delà de la simple impression, contribuaient à une dégradation rapide de la qualité de l’air : ponçage, soudure, peinture, post-traitement, etc.
Compact, personnalisable et open source, le 3D Print Sensor n’est peut-être pas un purificateur d’air à lui seul, mais il représente une solution simple et intelligente pour rendre visibles les risques invisibles. Pour en savoir plus ou soutenir le projet, rendez-vous sur la page de la campagne Kickstarter.
Que pensez-vous du capteur 3D Print Sensor de 3DFixie ? Partagez votre avis dans les commentaires de l’article. Retrouvez toutes nos vidéos sur notre chaîne YouTube ou suivez-nous sur Facebook ou LinkedIn !
*Crédits de toutes les photos : 3DFixie
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Voir les commentaires
Bonjour,
Je trouve la démarche des concepteurs de ce type d’objet assez intéressante : alerter sur les pollutions liées à l’impression 3D est louable. Nous nous efforçons de le faire depuis plusieurs années.
Toutefois, je me permets une petite précision concernant cet appareil, ainsi que sur les idées reçues en général à propos des émissions de l’impression 3D FDM et SLA.
Cet appareil est équipé d’un capteur sensible aux PM1.0 et PM2.5, ce qui signifie qu’il est capable de détecter des particules d’au moins 1000 et 2500 nanomètres.
Or, l’ensemble des études sur le sujet montrent que la majorité des particules émises durant une impression 3D FDM se situent dans un spectre de 10 à 200 nm, ce qui les rend quasi invisibles pour ce type de capteurs.
Voici deux études complètes sur le sujet :
Chemical Composition and Toxicity of Particles Emitted from a Consumer-level 3D Printer using Various Materials
https://pubs.acs.org/doi/suppl/10.1021/acs.est.9b04168/suppl_file/es9b04168_si_001.pdf
Real-Time Exposure to 3D-Printing Emissions Elicits Metabolic and Pro-Inflammatory Responses in Human Airway Epithelial Cells
https://www.mdpi.com/2305-6304/12/1/67
Cela ne veut pas dire que l’impression 3D FDM n’émet pas de particules de 1000 nm ou plus, mais ces tailles ne sont pas représentatives des émissions réelles.
Je ferais la même remarque pour la résine. Ce type de capteur à COV donne une bonne indication des COV globaux, mais sans distinction entre les différents composés.
Par exemple, concernant l’alcool isopropylique, les Valeurs Limites d’Exposition Professionnelle fournies par l’INRS :
https://www.inrs.fr/publications/bdd/fichetox/fiche.html?refINRS=FICHETOX_66
indiquent un seuil à 400 ppm.
Tandis que pour un composé fréquemment présent dans les résines, comme l’acrylate de méthyle, le seuil est à 5 ppm.
Si l’appareil affiche 20 ppm, il est donc impossible de savoir quel type de COV il comptabilise.
Je vous invite à découvrir le travail important mené par l’INRS lors de la Journée technique sur la fabrication additive :
https://www.inrs.fr/footer/actes-evenements/fabrication-additive.html
Je reviens sur une phrase de l’article qui me semble nécessaire de discuter.
“Le 3D Print Sensor ne prétend pas remplacer une ventilation adéquate, mais il permet de rendre ces risques visibles, mesurables et contrôlables.”
Je pense qu’il serait plus juste de dire que ce type d’appareil permet d’alerter sur le risque, sans garantir une visibilité complète.
Je tenais à faire ce commentaire car beaucoup trop de personnes pensent qu’il suffit de mettre un filtre “HEPA” acheté sur Amazon et de faire un test avec ce type d’appareil pour s’assurer d’une bonne sécurité. (Je mets “HEPA” entre guillemets car il s’agit souvent d’une appellation commerciale, alors que seule la norme EN1822 permet réellement de catégoriser les filtres.)
Un filtre HEPA lambda aura peut-être une très haute efficacité sur les particules de 1000 nm et plus, mais qu’en est-il de la grande majorité des particules invisibles à ces appareils, c’est-à-dire celles sous les 200 nm ?
Je pense que se sentir en sécurité à cause de ce type de solution, très présente sur internet, est dangereux. Cela peut entraîner des comportements qui augmentent l’exposition des utilisateurs aux véritables dangers, qui ne sont pas forcément correctement traités.
Merci de votre travail ! C’est toujours un plaisir de vous lire